Collectif National des Jeunes Urbanistes pour l’accès au concours d’ingénieur territorial
Lettre ouverte au Ministre de la Fonction publique et à la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Il y a 10 ans, l’État reconnaissait la profession d’urbaniste, en participant à la mise en place de l’OPQU. Il y a 10 ans, l’État reconnaissait le fait urbain, à travers la loi sur le renforcement de la coopération intercommunale et la mise en chantier de la loi SRU.
Cette coïncidence n’a rien de fortuit. Le rôle que jouent désormais les urbanistes dans les villes et les agglomérations est devenu déterminant car ils apportent un savoir-faire transversal en phase avec les besoins de notre époque. On compte aujourd’hui environ 1 500 professionnels de l’analyse et de la prospective territoriales, du renouvèlement urbain et de la gestion des opérations de la politique de la ville, du pilotage et de la conduite de projets exerçant dans nos collectivités ; et grand nombre d’entre eux sont issus de formations universitaires.
Au moment où la loi portant engagement national pour l’environnement (dite « Grenelle 2 ») s’apprête à repenser la cohérence territoriale de l’urbanisme, nous estimons nécessaire que les urbanistes jouent un rôle accru en matière d’assistance à l’élaboration des politiques publiques au sein des collectivités locales.
Mais l’entrée en application récente d’un décret (n°2007-196 du 13 février 2007) vient bousculer ces évidences en barrant l’accès des urbanistes diplômés de l’enseignement universitaire au concours d’ingénieur territorial (mention urbanisme). Sous prétexte que les urbanistes formés à l’université n’auraient pas la qualification scientifique et technique nécessaire ! Les impacts de l’entrée en vigueur de ce décret sont considérables : avant l’été, 1 600 diplômés en urbanisme et aménagement du territoire ont reçu un courrier du CNFPT leur indiquant que leur cursus universitaire ne leur permettait pas de se présenter au concours.
Nous, élus locaux, urbanistes professionnels et universitaires, contestons à la fois cette lecture rigide des savoirs et une atteinte au principe de libre administration des collectivités territoriales : l’urbanisme n’est pas une science ou une technique d’État, c’est une politique publique décentralisée.
Nous jugeons ce décret absurde et contraire aux intérêts des collectivités locales : nous en demandons la réécriture.
Nous demandons à ce que dès 2010 les urbanistes formés par l’université au sein des instituts d’urbanisme puissent à nouveau voir leurs diplômes reconnus et se présenter au concours d’ingénieur de la fonction publique territoriale.