« En Russie, des centaines de villes vont disparaître, victimes de la « mono-industrie », c’est ainsi que Le Monde titre un article portant sur un phénomène connu mais pourtant insuffisamment évoqué : la désertification des villes industrielles héritées de l’époque soviétique.
Si sur Urbanews.fr nous avons l’habitude de vous parler de constructions, de réhabilitations, de programmes futuristes ou de projets révolutionnaires, il faut cependant se rappeler que notre sujet, c’est avant tout l’urbanisme, et c’est ce genre d’information qu’il est utile de relayer pour avoir une vision pleine et entière de cette « discipline ».
D’après le rapport du 29 septembre du Ministère du développement régional (le ministère Russe des régions), relayé par le Vedomosti (magazine économique) , la fédération Russe compterai actuellement 400 villes « mono-industrielles », c’est à dire des villes où une usine ou un combinat occupent 25% de la population active.
Ces 400 villes, représentant 25 Millions de personnes, n’auront pas toutes la chance de bénéficier de l’aide de l’état, qui bien que riche en devises, ne peut assurer financièrement le développement d’un tel nombre de villes. Ainsi, seules les villes dites « progressives », soit 280 d’entre elles, seront aidées; les autres devant trouver une solution par elle même.
Véritable vecteur d’instabilité dans la politique du gouvernement Russe, la situation de 17 de ces villes est même qualifiée « d’explosive ». Le mécontentement gronde en effet dans ces dernières, héritées de l’époque soviétique, qui produisaient avant la crise prêt de 40% du PIB du pays, et qui pour la plupart se retrouvent avec des installations vétustes dont le renouvèlement n’est pas assuré. Toujours selon le Vedomosti, le gouvernement ne devrait pas aider les villes où « les entreprises fonctionnent avec une technologie vieille de trente à quarante ans, où aucune modernisation n’a été entreprise depuis quinze ans, et qui sont très éloignées des marchés d’écoulement de leur production ».
Ayant assuré sa stabilité, sa place géopolitique et ses finances sur la vente de matière premières, l’état Russe ne semble en effet pas décidé à reprendre en main une production industrielle qui n’a cessé de péricliter cette dernière décennie, posant un problème de population extrêmement important dans un pays où les grands projets d’urbanisme ont du mal à se concrétiser (plusieurs grands projets de tours, à Moscou et à Saint-Petersbourg ont été annulés, question probablement traitée dans un prochain article).
Commencement de ce processus, le dépeuplement progressif de deux villes minières, Vorkouta et Intan est déjà annoncé.
Source : Le Monde