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Odysseum : l’odyssée de la fun city à la Montpelliéraine

Montpellier est sans aucun doute une des villes ayant les mieux perçu l’importance du marketing territorial pour l’attractivité d’un territoire. L’image que veut se donner Montpellier est claire : soleil, playa, fête, branchée, décalée et sexy… et ça marche. Le taux de croissance démographique de Montpellier explose ! Ces dernières années, les projets entretenant cette image se sont multipliés : du quartier Antigone aux clubs (dont la célèbre « Villa Rouge »), en passant par le tramway à fleurs ou imitant les fonds marins (lignes 2 et 3)… et en allant jusqu’au logo de Montpellier Agglomération.

Le nouveau quartier Odysseum s’inscrit pleinement dans cette logique. En septembre dernier, le centre commercial Odysseum marquait une nouvelle étape dans la construction de ce quartier débutée il y a 11 ans (avec l’ouverture d’un multiplexe Gaumont).

Un quartier qui se veut innovant, en reprenant le concept du fun shopping ou du family village développé aux Etats Unis. La recette ? Combiner le commerce et le ludique sur 150 000m² (générant 3000 emplois).

C’est ainsi que s’organise le quartier Odysseum : le long d’un espace public animé, mis en valeur et dédié aux modes de déplacements doux, se côtoient des bâtiments originaux et très colorés, du multiplexe jusqu’au nouveau centre commercial.

Le planétarium de nuit

Odysseum, c’est un planétarium, un aquarium, une patinoire, un lazer game, un bowling, un karting, un espace de jeux géant pour les enfants, un cinéma de 17 salles, un Ikéa… et les tous derniers : l’hypermarché et le centre commercial de 120 enseignes (essentiellement accès sur l’habillement, la culture et le loisir). De nombreux bars et restaurants franchisés thématiques sont également implantés.

Le transport alternatif à la voiture est également placé au cœur du quartier, avec une desserte très efficace du tramway (2 stations) reliant Odysseum au centre-ville montpelliérain.

Alors peut-on affirmer qu’il y a rupture avec l’urbanisme des années 1960-1970, consommateur d’espace, basé sur le tout voiture, et la spécialisation des « zones » ? Peut-être pas tant que ça !

Tout d’abord, le quartier a été créé ex-nihilo, en dehors de la ville constituée. Comme les zones spécialisées (zones commerciales, d’activités…) des années 1960-1970, l’implantation d’Odysseum s’est basée sur la desserte automobile : effet de vitrine sur l’autoroute, accessibilité directe depuis le diffuseur « Montpellier Est » et (accrochez-vous !) une capacité de 7200 places en stationnement. La suprématie automobile est donc de mise, en témoigne le plan d’accessibilité du centre commercial qui mentionne exclusivement les accès voitures, sans même évoquer la station de tramway placée en son cœur !

Le tram en approche

Odysseum constitue en quelques sortes une zone spécialisée, sans habitat. Les nappes de stationnements encerclent le « complexe ludico-commercial » ; ce dernier s’organisant de l’intérieur, comme replié sur lui même.

Plus qu’un véritable nouveau quartier de ville, Odysseum est sans doute plus comparable à un parc d’attractions, en témoigne sa logique de construction, mais également l’architecture, la communication mise en œuvre (logos, plans…)… sans parler du petit train pour transporter les visiteurs ou encore la création d’un parking en ouvrage en forme de grand 8.

La Ville historique traverse les siècles, et ce succès tient incontestablement en son intensité urbaine (densité et mixité fonctionnelle, sociale…), sa capacité d’adaptation, d’évolution. La société change, l’économie se transforme, la planète n’est pas inépuisable… et la force de la ville ancienne, très économe en espace, c’est d’évoluer au fur et à mesure, par petites touches.

Plan d'accès à Odysseum ... oubliant le tram

En considérant le Développement Durable comme un impératif, et sans faire de l’urbanisme pastiche, ses fondamentaux se doivent d’être à la base de la construction de nos villes contemporaines.

Odysseum en est loin ! Comment, par exemple, une mégastructure, repliée sur elle-même, peut-elle s’adapter en permanence aux évolutions diverses ? (Mentionnons ici les zones commerciales de « périphérie », l’urbanisme de dalle des Grands Ensembles et autre « urbanisme bloc » pour lesquels toute intervention est rendue très difficile.).

A l’aube de 2010, la Ville Durable est omniprésente dans le discours… mais pas vraiment dans les pratiques. Générer l’étalement urbain et tenir un discours inverse, construire un parc d’attractions et parler de mixité, créer des milliers de places de stationnement et constuire deux stations de tramway… relève finalement plus de l’ordre de la « bonne conscience » ou tout simplement de contradictions fortes et non génitrice de cohérences dans les politiques publiques urbaines.

Odysseum dispose d’atouts majeurs qu’il conviendrait de mettre en avant. C’est aujourd’hui un quartier ébahissant… mais, au delà de l’effet paillettes, peut-être le sera-t-il beaucoup moins sur le long terme.

Rédacteur : Sebastien BESCHI

En savoir plus : montpellier-agglo (photos et plans téléchargeables)


Catégorie:Urbanisme
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L'auteur
Jérémy Berdou

Cofondateur d'Urbanews.fr. Chargé d'études Environnement & Territoire chez Girus Viadeo | LinkedIn

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