Le statut de « centre de stockage définitif » du site d’Asse, en Allemagne, aura à peine duré un an. Depuis septembre 2008, ce centre-test de stockage de déchets nucléaires qui abritait en son sein des déchets radioactifs produits dans la période 1967-1978 était en effet devenu officiellement le dernier séjour de ces déchets dangereux.
Ce centre est situé au fin fond d’une ancienne mine de sel pour des raisons évidentes : profondeur (500-700m sous la surface), stabilité géologique (depuis plus de 50 millions d’années) et surtout la présence de sel : donc l’absence d’eau. Seulement, et depuis 1988 (source Romandie), des fuites d’eau sont apparues, rendant dangereuse l’installation. Aux nombreux débris peu radiocatifs issus de la maintenance des centrales se trouvent 28kg de plutonium, hautement radioactifs.
Le risque de voir ces radiations contaminer à moyen terme (quelques siècles) les nappes locales a amené l’exploitant de la mine à pomper 70 000 litres d’eau ces dernières années.
L’office allemand de protection contre les radiations (BIS) a déclaré, vendredi dernier, comme étant « la meilleure solution » le retrait des 126 000 fûts stockés, sur une durée qu’il estime à dix ans. Si le ministère de l’environnement n’a pas encore pris de décision, on peut tout de même douter qu’il n’abonde pas dans ce sens. Celui-ci estime également le retrait comme étant « en l’état actuel des connaissances comme la meilleure solution en terme de sécurité à long terme », mais souligne également que ce retrait doit être effectué à condition que l’état de la mine permette une telle opération.
On s’étonne du manque de d’efficacité dans la gestion du risque qui a pu conduire à une telle situation. En dehors de l’aléa naturel qui ne pouvait être évité, la gestion de l’évènement a créé un scandale alors même que la chancelière songeait à augmenter la durée de vie du programme nucléaire allemand, qui devait être initialement être suspendu après 2020. Les failles du système de sécurité nucléaire Allemand se sont en effet révélées être des trous béants : c’est en premier lieu l’exploitant du site qui a découvert l’infiltration d’eau (source Libération, et terra-economica) et qui a geré le problème seul en pompant l’eau contaminée et en la réinjectant dans d’autres mines abandonnées sans autorisation. Quant aux collectivités, elles n’ont été mises au courant que récemment, et ont maintenu la loi du silence en s’abstenant d’avetir Berlin ou de demander des autorisations à l’office de sécurité nucléaire pour les transferts d’eau. La population quant à elle, n’a appris la nouvelle que la semaine dernière.
Le lieu de destination des déchêts n’est pas encore connu, mais il y a fort à parier que l’impact de cette nouvelle sera très important, le site d’Asse faisant jusque là office de « modèle » pour les centres de stockage Allemands.
Crédit photographique : et-si-on-changeait-le-monde