Xynthia : Bilan d’une urbanisation sans limite ?
La tempête Xynthia est une dépression météorologique majeure qui a balayé plusieurs pays européens entre le 26 février et le 1er mars 2010, causant un épisode de vents violents. Le passage de ce système, en provenance des régions subtropicales a notamment causé la mort d’au moins 63 personnes (bilan provisoire) et de nombreux dégâts matériels. En France, la conjonction des vents violents et de fortes marées a donné lieu à une onde de tempête qui a occasionné d’importantes inondations dans certaines régions littorales, principalement en Charente-Maritime, en Vendée et dans les Côtes-d’Armor. La tempête Xynthia est considérée comme une des plus violentes et des plus meurtrières depuis les deux tempêtes de décembre 1999.
Devant l’ampleur des dégâts, les soupçons sont émis quant à une urbanisation sans limite de ces milieux à risques. Soupçons confirmés puisqu’on apprend aujourd’hui que les communes les plus touchées par le phénomène étaient situées dans une zone côtière à risques. (La-Faute-sur-Mer et l’Aiguillon-sur-Mer) Une étude réalisée par la DDE en octobre 2008 affirmait que la commune de la Faute-sur-Mer avait été construite «sur de vastes espaces gagnés sur la mer, ne tenant pas compte de la mémoire du risque».
Étude très intéressante puisqu’elle indiquait que le cumul de deux phénomènes tels qu’une crue dans l’estuaire du Lay et une forte submersion marine pourrait avoir un impact non négligeable sur les zones urbanisées situées à l’arrière d’un réseau de digues vieillissant…Or lorsqu’on sait que le risque d’inondation est le premier risque naturel en France, avec plus de 16 000 communes concernées en 2008, soit 5,1 millions d’habitants, il est très étonnant que les avertissements de la DDE de Vendée n’aient pas été prise en compte…
La faute à une planification territoriale trop laxiste ? La France dispose de plus de 27.000 km2 de zones inondables, classifiées selon deux codes: les zones bleues et les zones rouges. Il est strictement interdit de construire dans les zones rouges, mais l’urbanisation en zone bleue reste possible, grâce à des autorisations spéciales données par les communes sous conditions fixées par les plans de prévention des risques naturels (PPRN). Or on connait la valeur d’une petite maison ou d’un petit appartement situé en bord de mer ou au bord d’une rivière…les maires ne sont donc pas insensibles aux nombreuses pressions exercées par les promoteurs immobiliers. Comment résister lorsqu’on vous accuse de vouloir empêcher toutes les constructions ?
C’est ainsi que depuis 1999, 100.000 logements ont été édifiés sur les zones inondables de 424 grandes communes, et ce malgré les risques encourus.
Nicolas Sarkozy a appelé lundi à «faire de toute urgence la lumière sur ce drame inacceptable et incompréhensible.» «On ne peut pas transiger avec la sécurité…. »
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