La mairie de Paris a annoncé le 26 mars dernier avoir sélectionné 4 candidats pour son futur système d’autopartage électrique.
ADA, Bolloré, le consortium Avis/RATP Développement/SNCF/Vinci Park, et Veolia transport urbain ont donc jusque juin pour présenter leurs offres. Avec un parc prévu de 3000 voitures et de 1400 stations (dont 700 hors de Paris), le défi est de taille, principalement en France où le marché est beaucoup moins développé que chez ses voisins. En 2008, alors que la Suisse et l’Allemagne comptaient plus de 70 000 adhérents, seuls 6000 Français étaient abonnés à un système d’autopartage.
D’accord, mais comment ça marche ?
A l’instar du système vélib’ avec ses vélos, l’autolib’ repose sur une disponibilité permanente d’un parc de déplacement de courte durée disponible dans des stations spécifiques…. mais avec des voitures. Le système autolib’ étant déjà présent dans plusieurs villes Françaises, allont voir comment cela marche dans l’une d’elle: Lyon.
Avec seulement 70 voitures et 22 stations, l’autopartage de la capitale des gaules est largement plus modeste que celui que prévoit Paris. Heureusement d’ailleurs, car bien qu’en augmentation rapide, le nombre d’abonnés est encore assez faible, à peine de plus de 800 début 2009.
Pourquoi cela ne décolle pas à Lyon ?
Pourquoi un engouement si faible alors que les Vélo’v, en place depuis moins longtemps, sont si populaires ? La communication d’avril 2009 de chez Autolib’ nous aide à y voir plus clair.
Le manque de communication pour ce système est un facteur que l’on ne peut mettre de côté : avec une présence faible sur les affichages en comparaison des Vélo’v, verts et jeunes, l’autolib’ n’a pas sa place sur les campagnes de communication de la ville : 40% des utilisateurs on ainsi connu le système par le bouche à oreille, et 25% par internet.
L’usage est également un problème important qui oblige à recarder le public visé. Autolib’ l’a bien compris en essayant de viser d’avantage les entreprises : avec un tiers des réservations ayant lieu de le week end, les voitures sont moins utilisée dans la semaine. Axer la communication vers les entreprises (17% des abonnés) est un bon moyen de faire tourner le parc en permanence.
De plus bien qu’une autolib remplace « 6 à 8 voitures » du point de vue de l’usage (pour rappel, une voiture n’est utilisée que 15% du temps, et occupe donc de la place), 73% des abonnés ne possèdent pas de véhicules … au lieu de diminuer le nombre de voitures en circulation, on tendrai donc au contraire à l’augmenter ! 40% seulement des abonnés qui possèdent un véhicule (26% du total) considèrent que le système Autolib’ peut remplacer un véhicule. Sur 800 abonnés, cela représente uniquement 83 personnes.
Dernier facteur, le prix : avec un engagement d’un an minimum, en comptant les frais d’inscription, le dépot de garantie et l’abonnement mensuel, on débourse déjà 28 euros par mois sans rouler (40% des utilisateurs utilisent le système moins d’une fois par mois). A cela s’ajoute un tarif horaire et kilométrique : pour exemple, 2 heures et 30 kilomètres avec une Kangoo reviennent à 19€44. Un tarif élevé pour une utilisation régulière et des courtes distances par rapport au Vélo’v, subventionné et compétitif.
Pourquoi cela peut marcher à Paris ?
Si l’autolib’ Lyonnais connait encore des difficultés structurelles importante, pourquoi penser que le projet Parisien pourrait avoir la cote ?
Tout d’abord, la parc, la flotte et la grande taille de l’agglomération rend son utilisation plus évidente : avec des trajets plus importants à effectuer, la concurence avec le vélib’ n’a aucun sens. L’installation de 700 stations en dehors de Paris confirme de surcroit un public ciblé différent : les utilisateurs occasionnels possédant déjà un véhicule, voire les pendulaires.
Avec un parc automobile électrique, Paris reste dans la thématique verte initiée avec les vélib’, très porteuse, et posant moins de problèmes d’infrastructure : pas de plein à faire, moins de personnel à gérer pour remplir les réservoirs, un temps de disponibilité plus important pour chaque véhicule.
Mais une fois encore, c’est sur la grille tarifaire que devra se distinguer ce nouveau réseau d’autopartage : entre les vélos en libre service, les transports en commun et … la location classique, difficile de faire son trou pour l’autopartage !
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