On a souvent vanté les bienfaits du numérique et plus particulièrement du télétravail dans la construction d’un idéal de « ville durable ». C’était évidemment sans compter sur le paradoxe des innovations et ses dommages collatéraux… Une équipe de chercheurs britanniques de l’Institut d’Ingénierie et de Technologie, a en effet montré que les gains environnementaux du télétravail n’étaient pas si significatifs que ça. Pire même, que le télétravail pouvait nuire à la planète.
Depuis 2005 et une certaine étude américaine, les plus écolos d’entre nous avaient lâché leur bureau et les histoires de fesse entre collègues pour ne plus jamais sortir de chez eux et gérer à distance leur charge de travail. Pour les chercheurs américains et japonais qui bossaient alors sur la question, le numérique apparaissaient comme un formidable moyen de réduire non seulement les trajets domicile-bureau (de l’ordre de 60% à 70%) mais également de diminuer significativement le coût énergétique au poste de travail. Bref, l’ordinateur devait révolutionner les comportements et surtout faire baisser l’empreinte carbone des professions intermédiaires et intellectuelles.
Après avoir gratté la couche de peinture verte qui recouvrait le concept, les chercheurs de l’IET se sont appliqués à saisir l’ensemble des conséquences négatives qui pouvaient en découler.
Si le télétravail a le mérite de vous faire quitter l’espace confiné et amianté de votre bureau, il a également l’avantage de morceler les environnements de travail, de les individualiser, et par là même, de multiplier les surfaces à chauffer ou bien à éclairer. Travailler à demeure plutôt qu’au sein d’une structure professionnelle extérieure, c’est également modifier ses comportements face à la consommation énergétique en se permettant bien souvent plus de choses, plus de pauses par exemple et donc, plus de consommations… Dans certains cas, la facture énergétique accuse des augmentations de près de 30%.
Passée la question énergétique, la conséquence devient plus environnementale et spatiale. En donnant la possibilité aux salariés d’effectuer leurs missions à domicile, en abrogeant de fait les distances et les seuils de temps de déplacements qui leurs sont consubstantiels, le télétravail tend à favoriser la diffusion des territoires urbains. Et si la ville se distend, les distances parcourues de périphérie à périphérie explosent également. Loin des Cités, loin du monde et de la concentration des services urbains, le télétravailleur apparaît complètement dépendant de sa voiture.
Loin d’être une révolution, le télétravail ne contribuerait à la réduction du nombre de kilomètres parcourus que de 0,6%. Plus négligeable encore, le travail à domicile permettrait dans l’absolu une diminution de la consommation énergétique d’à peine 0,2% (en moyenne).
Article en ligne: http://www.theiet.org/about/media-centre/press-releases/20100917.cfm
Source: IEP