Tel un nouveau jouet pour nous autres « enfants-urbanistes », voici l' »urbanisme ludique ». Le principe est d’imaginer une mobilité capable de satisfaire notre génération d’hyper-connectées, nées dans les jeux vidéos, téléphones portables, Internet, … En effet, il constitue une parfaite plate-forme capable à la fois de nous surprendre, amuser, dialoguer et informer. C’est pourquoi je me suis demandé quel effet cet outil pouvait-il jouer sur nous, encore enfants de l’urban design. La mobilité de demain, toujours plus rapide et ludique, pourrait très bien être conçue à l’image de nos parcs d’attractions, jeux vidéos, ou applications iphone préférées.
Tout part de ce slogan : « Business needs fun » par AT&T Blackberry qui propose une joyeuse vision de la mobilité urbaine revue et corrigée sous l’angle du parc d’attraction. Regardez plutôt :
Après tout, pourquoi pas ?
L’époque dans laquelle nous vivons pourrait se résumer à vouloir le « tout-en-un, le plus rapidement possible ». Nous pourrions donc imaginer un mode de transport adapté à l’homme pressé, dont la tentation de croquer la pomme multinationale est devenu une simple règle d’usage. Le business man a besoin de cet outil pour se divertir, travailler, communiquer. (Voir le récent article publié par Josselin Thonnelier sur UrbaNews.fr le 26/11/2010, à propos de ces smartphones androïdes).
François Bellanger, animateur du talentueux atelier Transit-City, s’est posé la question : « ET SI LA VILLE DEVENAIT UN PARC DE LOISIRS ? »
Un examen approfondi des éléments qui font le succès de Disneyland et Disneyworld montrent combien ces parcs furent – et sont toujours – parmi les grands incubateurs de l’urbanisme actuel. Citons cette architecture du réconfort fait d’un façadisme généralisé et qui s’applique aujourd’hui aussi bien dans les centres commerciaux que dans les centre villes rénovés ou dans les néo-villages de nos périphéries. […] Bref, aujourd’hui, le modèle Disney s’est généralisé dans nos villes. A telle enseigne que depuis quelques années on voit apparaître pour dénoncer ce phénomène des expressions telles que disneylandisation de la ville ou de syndrome de la ville en carton pâte.
Vers un urbanisme Disneyland ?
Ainsi ira la mobilité de demain, rapide et ludique. Tel « Infinity », un spot réalisé par la compagnie Batelco, dont les images surprenantes agissent telles une injection d’adrénaline. Une version beaucoup plus speed du spot Rollercoaster par AT&T Blackberry visualisé plus haut. La vidéo dure un peu plus de 3 minutes mais prenez le temps d’aller jusqu’au bout ! Regardez plutôt :
Si les imaginaires sont autant poussés vers l’urbanisme ludique c’est aussi grâce à l’explosion des nouvelles applications de la pomme en relation à la ville. Hier avec Sim City ou GTA, aujourd’hui avec Urban City ou Farm City, n’importe quel individu peut créer la ville de ses rêves. Les utopies d’antan représentent désormais les fictions d’aujourd’hui. Et si les urbanistes ne répondent pas à ces besoins grandissants, la société ne fera que de s’enfermer davantage dans sa bulle virtuelle, tellement plus fun !
Finalement, une partie de la solution pouvant stopper notre société de vivre dans un monde virtuel serait justement de le confondre avec le monde réel. Ainsi soit-il, notre urbanisme ludique, composé de métro grand 8, d’ascenseur à chute gravitationnelle, de taxi auto-tamponneuses ou autres skate-park géants. L’accès direct au « tout-en-un », le plus rapidement possible. C’est bien ce que l’on désire tous, n’est-ce-pas ?
On termine par deux images. L’une illustrant ce fabuleux toboggan installé au sein même de l’Université de Munich, où les étudiants jouissent de se déplacer rapidement de façon ludique (voir ici pour plus de détails). La suivante est l’oeuvre de l’agence Philippine DDB DM9 pour une pub du constructeur automobile Mini. Réagissez suivant votre propre interprétation. Autrement dit, c’est quoi pour vous l’imaginaire de demain ?