Des habitats alternatifs pour sans abris
Décrétée saison mondiale d’aide aux sans abris par les médias, l’hiver il est vrai, nous parvient souvent dans sa rigueur, au nombre d’exclus qu’il abandonne dans un sommeil alcoolisé. Malgré l’absence avérée en France, de réelles statistiques sur la question SDF (les dernières de l’INSEE remontant à 2001), de nombreuses associations et militants de terrain (Les enfants de Don Quichottes, Fondation Abbé Pierre, Secours populaire, etc.) soulignent une tendance forte à la banalisation de l’exclusion sociale et économique des personnes. Si en 2001, la France comptait 86 500 SDF, le Conseil d’Etat tout comme la Fondation Abbé Pierre, estiment qu’ils seraient un peu plus de 100 000 aujourd’hui !
A mesure que la part des plus pauvres croît, le visage des précaires captifs de la rue évolue, s’éloignant de plus en plus de l’image d’Epinal du clochard bohème, libre de toutes contraintes matérielles. Faut-il rappeler dans ce sens que 3 SDF sur 10 travaillent et que 4 autres (toujours sur 10) sont inscrits à Pôle Emploi ! Ainsi, plus que les conditions d’emplois justement, ce sont d’abord les conditions d’accès au logement qui se détériorent (manque évident de logements, hausse des prix, blocage des appartements en cas de vacance pour maintenir les prix à la hausse, etc.)
En février 2009, l’INSEE publiait une enquête encore plus parlante sur le nombre de personnes qui à un moment donné de leur vie, avaient pu se trouver sans logement personnel.
L’absence de domicile personnel aurait concerné une personne sur vingt au cours de sa vie, soit environ 2 500 000 personnes (5% de la population). (Source INSEE)
Face à la fragilité accrue d’une tranche toujours plus importante de la population vis-à-vis de la question du logement (face aussi à une certaine « normalisation » des situations d’exclusion), des collectifs d’architectes et de designers se penchent aujourd’hui sur la conception d’habitats alternatifs : Des unités de vie d’urgence qui doivent pouvoir se monter et se déployer rapidement à travers l’espace de la ville pour parer aux situations les plus critiques.
ParaSITE : Unité de vie gonflable et branchée
Inspirée des modèles de tentes polaires capables de résister à de très faibles températures, l’unité de vie précaire paraSITE pensée par Michael Rakowitz peut se brancher facilement à l’endroit d’un système d’évacuation de chaleur. Les villes, notamment aux Etats-Unis, regorgent de ces ouvertures qui crachent presque 24 heures sur 24, le trop plein d’air chaud produit par les blocs d’habitations et de bureaux.
Room-Room : Unité de vie mobile
Largement inspiré des homeless vehicles new yorkais, Room Room est selon son concepteur un abri urbain accpetable pas ceux qui possèdent un toit et sont intégrés socialement mais aussi et surtout par les autres. RR est ainsi conçu pour s’inscrire temporairement dans l’espace du flux urbain, mais aussi ponctuellement sur des espaces de stationnement. Véritable coquille d’escargot, Room Room s’envisage d’abord comme une unité de repos sécurisée au sein de laquelle il est possible de vivre en complément de facilités et de services sociaux proposés dans l’espace métropolitain.
/Une unité de vie énergétiquement autonome
Conçu par Stéphane Millet, ce module dit « de solidarité », autonome sur le plan énergétique et totalement indépendant des réseaux de distribution, est de ce fait mais aussi par sa taille (15m²), facilement localisable au sein du territoire urbain. Pour son concepteur, ce module regroupe les trois piliers qui fondent la notion d’habitat d’urgence : autonomie légèreté et sécurité. Très flexibles, ces espaces peuvent également s’emboiter pour gagner en hauteur et réduire leur emprise au sol.
7 Commentaires
Merci la biénnale du Design 2010^^
Oui, t’as vu!!! Comme quoi cette petite sortie aura permis d’enrichir un peu plus le contenu du site 😉
Bonjour,
Le simple fait d’avoir pensé et conçu des projets pour venir en aide aux personnes en recherche de travail et qui se trouvent sans possibilité de logements est formidable, vraiment.
Ces réalisations sont-elles déjà mises en place, et où?
Quel admirable projet humain!
Merci pour les bénéficiaires.
J’ai envoyé ce lien à la mairie d’Annecy, souhaitant vivement qu’elle se penche sur la question.
Cordialement,
Elisabeth Pignarre
Bonjour,
pour le moment il semble que ces habitats alternatifs n’aient pas été mis en place sinon de façon sporadique (paraSite notamment) au sein du milieu urbain. Il est à noter cependant que d’autres types d’habitats alternatifs (structurés davantage en foyers) ont déjà été créés notamment sur les bords de seine à Paris (foyers péniches par exemple).
Salut à toi Josselin
Merci pour cet article très intéressant, bien que les idées exposées ne soient pas encore vraiment appliquées sur le territoire.
En tant que prototypes, ces modèles d’habitat alternatifs ne sont pas sans poser des questions.
D’abord, pour ce qui concerne le premier modèle branché sur un conduit d’évacuation de chauffage, sais-tu comment la température se régule à l’intérieur?
De manière plus générale, as-tu une idée des coûts pour chaque unité d’habitation? Pourrais-tu la rapprocher au coût classique de production d’une place en hébergement?
Merci
Bonjour!
Que de questions auxquelles je ne saurai répondre précisément. Pour ce qui est de l’unité de vie parSITE, il n’existe pas, semble-t-il de dispositif de régulation de chaleur au sein de la toile- Cependant et dans la mesure ou c’est cet air chauffé qui donne sa forme à l’abris, on imagine qu’il doit être contenu, retenu le plus possible à l’intérieur. Pour ce qui a trait au cout d’une unité, cela semble variable- ParaSITE constitue en une simple toile doublée de plastique et tient dans un sac- son prix, si je n’ai pas réussi à la trouver ne doit guère excéder celui d’une bonne tente queshua!
je me sents très incompétente sur le sujet. Mais vous livre quelques réflexions qui me viennent en voyant ces modules…
Déjà c’est très bien de se pencher sur le sujet et d’aboutir à des solutions d’urgence.
Si on ne veut pas que ces dépannages deviennent une réalité acceptée et définitive, il faut penser plus globalement le problème.
ces réponses techniques sophistiquées me dérangent malgré tout car elles induisent qu’il faut se préparer à accepter la paupérisation.
Je ne les refuse pas, je dis que le problème est un manque de motivation et d’imagination politique et que ces d’abord là qu’il faut se battre.