Le récent post Pour nous, les « enfants-urbanistes » introduisait l’urbanisme ludique qui, pensé et adapté pour la génération d’hyper-connectée que nous sommes, cherche à mixer l’espace public réel à l’espace public ludique et/ou virtuel rencontré(s) dans les jeux vidéos, parcs d’attractions, internet, etc. . Alors voilà, nous sommes à l’aube d’un monde perméable aux espaces virtuels. Bientôt, les réseaux sociaux virtuels seront dépassés, la tendance sera de partager des infos de personnes connus par le bouche à oreille , d’un bout à l’autre du globe, mais OFF-LINE ! La question c’est : quand la Digital Culture rencontre la ville et nos espaces publics ça donne quoi ?
J’ai décidé, en exclusivité pour Urbanews, tel un cadeau de Noël pour tous les « enfants-urbanistes », de passer de la théorie à la pratique, en tentant de chercher des éléments de réponse à une telle question, en expérimentant : la DEAD DROP.
En effet, depuis peu, ce phénomène me fascine. Je l’ai découvert par le blog [pop-up] urbain du très talentueux Philippe Gargov, dont je vous invite à lire l’article ici, puis approfondi avec le site officiel ici créé par l’artiste berlinois Aram Bartholl, initiateur du phénomène, dont le manifeste est proposé en « bonus » à la fin de cet article.
Tout simplement, une Dead Drop est une clé USB dissimulée dans un mur d’un espace public, permettant un échange de pair à pair (peer-to-peer) sans être connecté à internet, en toute liberté et en tout anonymat. Autrement dit, c’est un moyen de transformer un petit bout de mur de notre ville en plusieurs milliers de megabytes de données modulables et inter-échangeables à l’infini ! C’est offrir les avantages d’internet à la ville, sans les inconvénients de spams, pubs porno ou autres… La limite est bien sûr qu’un jour un utilisateur malintentionné décide de tout détruire en s’amusant à insérer des virus ou des images choquantes dans chaque clé USB, tellement plus fun… (NO WAY !)
Mais heureusement pour nous, ce n’est encore pas le cas, c’est pourquoi j’ai voulu expérimenter ce phénomène. La cible est : le « Bridge of Sighs » du Hertford College d’Oxford. Regardez plutôt :
A propos de la dead drop : Oxford #1
La Dead Drop, nommée Oxford #1, est localisée juste en dessous du « Bridge of Sighs » du Hertford College dans la New Street Lane. Voir sa localisation géographique sur la « World Map » du site officiel ici, vous pourrez aussi jeter un oeil sur l’ampleur globale qu’a prit le phénomène en l’espace de 3 mois d’existence, à savoir 107 dead drops soit environ 313 giga-bytes de données prêtes à être échangées.
Découvrez en images son implantation par rapport à l’environnement qui l’entoure, ainsi qu’un petit aperçu de son contenu… Regardez, puis interprétez…
C’est le moment de réagir. Alors, d’après vous, est-ce que les dead drops ne sont qu’une tendance éphémère ou une véritable nouvelle notion d’urbanisme a intégrer dans nos concepts d’espaces publics ? En tout cas ce qui est sûr, ce que la dead drop constitue bel et bien un nouveau jouet pour nous autres « enfants-urbanistes » et c’est tant mieux que ce post soit publié en ce jour de Noël. Je ne peux donc finir cet article qu’en vous souhaitant à tous un très, très, très Joyeux Noël !!!
En bonus, le Manifeste
Selon Aram Bartholl, artiste berlinois, initiateur du phénomène :
Dead Drops est un réseau d’échange de fichiers anonyme, hors-ligne, de pair à pair (P2P) dans les lieux publics. Tout le monde peut accéder aux Dead Drops et tout le monde peut installer un Dead Drop dans sa région ou dans sa ville. Un Dead Drop doit être accessible au public. Un Dead Drop à l’intérieur d’un bâtiment fermé ou dans un lieu privé avec accès limité ou temporaire n’est pas un Dead Drop. Un vrai Dead Drop est un périphérique de stockage en lecture/écriture sans logiciel spécifique. Les Dead Drops n’ont pas besoin d’être synchronisés ou connectés entre eux. Chaque Dead Drop possède son existence autonome. Un beau Dead Drop est cimenté dans un mur et ne laisse apparaître que son connecteur métalique USB Type-A ; il doit difficilement se remarquer. Les Dead Drops n’ont pas besoin de câble et n’utilisent pas de technologie sans fil. Vous n’avez besoin que de vous agenouiller ou tendre votre veste contre un mur pour partager vos fichiers hors ligne. Un Dead Drop est un support USB nu, auto-alimenté, intégré dans votre ville, le seul véritable espace public. À une époque de dématérialisation massive des échanges sur la Toile et de multiplication de gadgets sans accès aux fichiers locaux, nous avons besoin de repenser la liberté des échanges de données au niveau local. Le mouvement des Dead Drops est sur la voie de ce changement !
Libérez vos données dans le domaine public avec du ciment !
Faites votre propre Dead Drop maintenant !
Re-matérialisez vos fichiers aujourd’hui !