Afin de faire suite au post consacré à l’héritage « brouillard » laissé par un certain Franck O. Gehry (et d’ailleurs la plupart de sa génération d’architectes), voir ici, j’aimerai proposer un autre style d’architecture et d’urbanisme. Vers un urbanisme à l’architecture rythmée, au style groovy et hip-hop. Alors quel est le rapport entre le hip-hop et l’architecture ? Et bien, si l’on se réfère à l’étymologie anglaise, to be hip signifie « être à la mode », « dans le vent ». En argot américain « hip » signifie aussi l’intelligence dans le sens de la débrouillardise. « Hop » étant l’onomatopée du saut, le Hip-Hop serait par conséquent le fait d’évoluer suivant une intelligence fondée sur la débrouillardise. Dans un langage d’urbaniste, cela correspondrait à optimiser et maîtriser les flux entrants et sortants des ressources en matières premières disponibles. Les prémisses du développement durable, n’est-ce pas ?
Jump Around
L’idée de ce post m’est venu suite à la rencontre de l’un des membres du groupe étudiant de l’école d’architecture de Versailles « WESH« , dont le travail s’inspire de la culture hip-hop. Ils sont encore à l’école, ces enfants de l’architecture ont grandi dans la culture hip hop, internet, les smartphones, Google et compagnie, ils font donc partie intégrante de cette génération d’hyper-connectée dont je parlais déjà ici et là. Réfléchissons un peu. Quelles projets cette génération a envie de concevoir ? Autrement dit, quelles réponses propose-t-elle aux problématiques de gestion de l’espace urbain, de densité ou encore de développement durable ?
Cela donne des projets comme Dencity (dirigé par l’excellente agence D. Klouche & the A.U.C.’s boys), Voluntary Urban Farmers, Balisto ou encore Over There et Snoop Digg. N’hésitez pas à cliquer sur chaque lien afin de parcourir intégralement les projets mentionnés. Ici, deux exemples d’un style Hip Hop de présentation de projets.
Et oui, c’est bien à cette génération d’architectes qu’il faut s’intéresser afin de comprendre de quoi sera fait notre futur. Ceux-ci sont capables de traiter non seulement l’architecture mais aussi l’urbanisme, le design, l’Art Craft. Ils manipulent l’art de la communication interactive, le dessin 3D dans les moindres détails, intégrant leurs idées à plusieurs échelles de la ville n’hésitant pas à placer quelques références BD ou Hip Hop ici et là. Adieu la mythologie du bon vieux Franky Gehry, aujourd’hui nous avons besoin d’un développement urbain adapté et ajusté à la société et non l’inverse. L’architecture de demain se doit de proposer une interaction – qu’elle soit numérique ou physique, artificielle ou naturelle – avec la société qui l’utilise. Il est grand temps qu’il ne soit plus à l’individu de s’adapter aux design des buildings mais à ceux-ci de s’ajuster aux besoins l’individu, faire du cas par cas n’est pas si difficile ! Je fais évidemment référence à l’agence B.I.G. (Bjarke Ingels Group), qui pour moi est définitivement le symbole-même du renouveau des tendances architecturales et urbaines (voir en images plus bas). Bref, selon moi, l’architecture de demain sera groovy ou ne sera pas.
Alors bien sûr, je ne propose pas un urbanisme où les voitures rebondissent à l’aide de suspensions, ou encore des nanas à moitié à poil qui « booty shake » en plein espace public (hommage au grand Snoop Dogg à qui l’on doit ça et ça). Bien sûr que non. Ce que j’aime dans le Hip Hop c’est l’intelligence de la débrouillardise. Utiliser des mots qui, mis bout à bout, riment ensemble sur un rythme entraînant et donnent envie de sauter et de croire à un meilleur futur. Si nous mettons nos idées en commun, aujourd’hui, elles rimeront peut-être ensemble, mais on y retrouvera l’habituel refrain du développement durable pas vraiment abouti, élaboré au rythme « effréné » des politiques publiques (Absolument Débordées).
Alors allons-y, empruntons un nouveau style, un nouveau rythme. Pour une ville plus FUNKY, Let’s Groove Tonight !
La scène « Groovilicious » en images
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Et vous, qu’en pensez-vous ? C’est quoi pour vous, une ville qui groove ? Quelle développement pouvons-nous imaginer pour nos villes dès aujourd’hui ?
Je finirai sur ces mots, écrits par le rappeur américain KRS-One :
« Hip means to know
It’s a form of intelligence
To be hip is to be up-date and relevant
Hop is a form of movement
You can’t just observe a hop
You got to hop up and do it
Hip and Hop is more than music
Hip is the knowledge
Hop is the movement
Hip and Hop is intelligent movement » (KRS-One)