Il y a quelques semaines nous vous parlions ici d’un problème très sérieux, celui des chiottes en ville et du droit à « pisser » que leur absence du domaine public ou le coût de leur entrée pouvait parfois mettre à mal. Objet de discrimination sociale, générationnelle et sexuelle, l’épineuse et parfois douloureuse question de la miction publique mobilise aujourd’hui internet et les réseaux sociaux afin de soulager les urbains dans leur quête naturelle d’un besoin difficilement contrôlable dans le temps.
Nouvelle forme de solidarité urbaine permise par la technologie, « Cloo » est de ces futures applications qui pourrait bien rendre la vie urbaine de « tout un chacun » plus simple et dissiper les interrogations anxiogènes que notre corps précipite parfois au seuil de notre conscience. Le principe relativement simple s’appui sur les communautés et les réseaux sociaux des utilisateurs pour leur proposer des alternatives aux chiottes publiques. Une maison, un appartement, et voilà que s’offre à la femme ou l’homme pressé la possibilité de se soulager chez le particulier.
Imaginée par Hillary Young et Deanna McDonal, Cloo contribue à faire des toilettes de particuliers autant de lieux d’aisance publics. Une sorte de nouvelle communauté amie des pisseurs et autres gens dans les « besoins ». Prêteurs mais surtout utilisateurs de toilettes, les acteurs de la communauté peuvent noter et renseigner la qualité du service fourni qui va du confort de la cuvette à la sollicitude des hôtes de la maison en passant par le niveau d’hygiène relatif « au lieu du crime ».
Avant de se soulager, rien de plus simple, il suffit juste de géolocaliser les toilettes les plus proches (en espérant ne pas avoir à faire trop de pas) et envoyer une requête. Derrière l’application qui peut prêter à sourire, un certain nombre de questions demeurent. Si une telle démarche a le mérite de nourrir les échanges, les relations et de créer de l’entre aide urbaine, cette dernière ne « solvabilise » en rien le problème de la discrimination des plus démunis face à l’absence ou à la restriction des toilettes publiques dans la ville. Pire, elle pourrait bien la renforcer et asseoir la fracture numérique des classes populaires et de certaines générations face aux jeunes mobiles abreuvés au « web itinérant ».