Les Ekovores : pour une révolution de l’agriculture urbaine
Comme un retour pas si éloigné que ça au seuil d’une époque ou la survie alimentaire des villes dépendait largement de ce que produisaient les campagnes toutes proches, les Ekovores militent avec parfois un brin de folie pour la reconstruction des liens locaux entre producteurs et consommateurs ; un binôme éloigné au fil des années par l’ouverture des marchés et les stratégies d’échanges concurrentiels.
Réhabiliter les circuits courts et les alternatives locales à la Food Globalisation
A l’heure ou la transition énergétique, les préoccupations environnementales et la diminution de la croissance des pays occidentaux nous invitent à rationnaliser davantage notre empreinte écologique nos consommations et nos habitudes, l’idée des circuits courts fait peu à peu son chemin aux franges des agglomérations. Depuis le début des années 2000 les démarches d’associations se multiplient autour de la préservation et de la mise en valeur des ressources agricoles locales. Peu à peu, les sites d’exploitation s’organisent et des circuits de vente directe et de livraison se mettent en place. Alternative marquée aux circuits classiques de production, déjà présent dans la grande distribution depuis le milieu des années 90 et l’avènement de marques régionales labellisées, le « manger local » représente aujourd’hui une part relativement faible mais croissante des habitudes de consommations.
Regroupés au sein de PME, certains exploitants agricoles développent aujourd’hui leurs propres marques, misant sur le caractère local de leurs produits et appuyant par la force des choses la construction de « circuits de reconnaissance » alimentaires. C’est le cas notamment de marques locales telles que Bravo l’Auvergne ou encore Produit en Bretagne. Pour les consommateurs réceptifs aux enjeux de développement durable et local dans une période qui peut faire écho à certaines stratégies protectionnistes, la démarche semble rassurer.
Construire un système de production qui privilégie le local
Face à ce constat le collectif des Ekovores imagine depuis quelque temps une manière de concrétiser sur le territoire des villes un projet qui ferait passer la démarche du circuit court et de la production alimentaire locale, d’initiatives éclatées, privées comme publiques, vers un système plus intégrant, en adéquation avec les capacités productives du territoire et ses besoins. Avancé comme une réponse, le principe d’économie circulaire locale inclut l’ensemble des étapes nécessaires à la fabrication du produit et à sa vente tout en valorisant et récupérant la majorité des « externalités » produites à l’image des déchets issus des exploitations, de la fabrication ou de la consommation des aliments.
Pour faire fonctionner l’économie alimentaire locale, les friches et les ceintures vertes sont repensées et optimisées, opérant leur transformation à la faveur de dispositifs « urbagricoles » savamment intégrés dans un environnement pas tout à fait rural, pas tout à fait urbain. Loués ou prêtés pas la collectivité à des professionnels du monde agricole, les espaces délaissés en proche ou lointaine couronne produisent une polyculture à destination d’une aire de consommation définie, alimentant tant tôt les particuliers, les collectivités d’entreprises ou les cantines scolaires.
Des équipements adaptés au milieu urbain
Côté infrastructures, les Ekovores ont tout pensé. Sur les friches, des fermes en kit, rapides d’installation et d’exploitation renommées pour l’occasion « fermes d’urgence » sont sensées appuyer la production et développer en un temps record une filière agricole locale prête à fonctionner. Designés par les membres de l’équipe FALTAZI, ces modules sont sensés s’intégrer parfaitement à leur nouvel environnement dans le respect de certains principes écologiques.
Là ou l’espace se fait plus restreint et ou la pression foncière plus forte, les équipements s’adaptent, plus flexibles. Des serres implantées en milieu urbain, en terrasses ou au gré des interstices et des vides, garantissent la production de denrées alimentaires jusqu’au cœur des quartiers et profitent des déchets organiques générés par la population. Dans les jardins, les particuliers sont invités à compléter le dispositif par l’implantation de poulaillers urbains ou de parterres cultivables.
Même là ou on ne les attend pas, les Ekovores s’immiscent. Un bras de rivière, un port urbain fermé, autant de lieux qui ne sont pas sans nous rappeler la ville de Nantes, et voilà que stationnent de vastes jardins familiaux flottants, installés sur des barges potagères.
Des circuits courts pour recréer du lien social dans les métropoles
Au-delà des enjeux de résilience et d’autosuffisance alimentaire en milieu urbain que présuppose le projet, l’idée des Ekovores gagne à s’observer sur ce qu’elle apporte de tempérance et de partage en ville. Chaque lieu de production, qu’il soit destiné à nourrir une famille, le quartier ou bien la communauté devient un espace prétexte au rassemblement, à la découverte et à l’échange. Sur les barges ou l’on cultive légumes et autres denrées, on revisite également la dimension d’espace public. De la même manière, de longues serres transformées en tunnels, deviennent à la fois lieux de production et chemins à usage des piétons ou des cyclistes.
Marchés sédentaires ou itinérants, glissant le long des rivières urbaines ou se déplaçant au gré des parcours des marchands, l’activité et la vente des productions locales favorisent la création et la multiplication de lieux éphémères ou se mêlent intérêts particuliers et collectifs, intérêts sociaux et économiques.
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Source et illustrations : Les Ekovores
2 Commentaires
Est-ce que ces Messieurs, dont j’apprécie l’inventivité, pensent aussi qu’il faut utiliser des terres Nantaises comme celles de l’aéroport projeté, dit N-D des Landes, pour que » l’empreinte carbone » de leur système axé sur le maximum de proximité, soit minimale?