Social Media Week : On refait l’atelier !
[Cet article a été rédigé en partenariat avec Brice Chandon, copilote de l’atelier d’urbanisme de la Social Media Week et consultant en Génie Urbain.]
Souvenez-vous, la semaine dernière nous vous parlions d’un atelier autour de la ville numérique organisé en partenariat avec la Netscouade dans le cadre de la Social Media Week. Voici le récit de la journée.
C’est l’histoire d’un monde hybride.
D’emblée, avec mon acolyte de toujours Brice Chandon, nous présentons le sujet de la « ville numérique ». Fidèles à notre formation d’urbaniste génie urbain (dédicace), nous forgeons notre propre culture et exposons une vision assez globale des problématiques. Lisez plutôt :
Une poignée de minutes suffisent pour prendre connaissance des différentes failles du système « ville numérique ». Il s’agit d’en choisir une, ou d’en croiser plusieurs, et de définir rapidement une ligne directrice pour le projet.
Un atelier assez inédit par son côté « one shot project » et sa diversité de participants : urbanistes, architectes, sociologues, géographes, scénographes, journalistes, designers, ingénieurs et même… un avocat !
Un ensemble hétérogène, très motivé et créatif dont nous avons pu ressentir l’engouement quelques heures plus tard… Les idées et les concepts fusent, le socle idéologique s’établi au fur et à mesure et chaque groupe propose un projet original et innovant. Les participants se préparent à défendre leurs idées et à susciter le débat face au jury composé de Philippe Gargov de Pop-Up Urbain, Thierry Marcou de la FING et Bruno Marzloff pour le Groupe Chronos.
8 minutes de présentation et une demi-heure de débat par groupe. Chacun a su se démarquer. Voici un résumé synthétique des différents projets présentés.
AAFJB 3 : Quand le tourisme s’immisce au delà des frontières numérique / physique.
La ville est à la fois un espace perçu et un espace vécu. Les habitants ont une image issue de leur expérience et de leur pratique de leur ville alors que les personnes extérieures ont une image qui provient des informations qui leur parviennent et des usages qu’ils auront. En fonction d’elles, ces personnes se limiteront à un espace défini comme s’il existait une frontière imaginaire.
Pour découvrir de nouveaux territoires, il faut savoir dépasser certaines frontières, quelles soient physiques ou numériques. En effet, les territoires diffusent une image d’eux-mêmes à travers les différents médias sur lesquels ils sont exposés. Ainsi, une image-web se conçoit autour de chaque espace identifiable.
Cependant, le filtre du moteur de recherche nous renvoi généralement vers des liens sponsorisés ou institutionnalisés qui ne font que colporter les clichés. Pourquoi ne pas alors envisager un autre algorithme qui nous enverrait vers des liens plus discrets, nous faisant sortir des sentiers battus du web ?
Elgoog, ou l’anti-google, permettrait de changer les filtres de la toile. On pourrait par exemple ignorer les liens officiels, les pages marquées d’un « j’aime » ou les pages déjà visitées. On aurait alors une nouvelle option, celle du « j’aime pas », celle du « non-officiel », « l’anti-soit » ou encore « l’anti-historique ».
Ces dispositifs peuvent donc inciter les touristes ou les voyageurs à aller découvrir certains endroits par eux même.
Flexibilité et multiplication des temps de la ville numérique.
Nous sommes en 2150, dernière étape de la déconcentration des entreprises, les employés deviennent travailleurs indépendants et organisent leur travail selon leurs envies. Tout le monde est auto-entrepreneur et travaillent où il veut et quand il le souhaite. C’est la flexibilité spatio-temporelle absolue du travail.
Que faire alors des espaces, comme ceux de La Défense par exemple, jusqu’alors dédiés uniquement au travail ? Et surtout : comment créer des espaces parfaitement mixtes permettant le lien entre tout ces travailleurs indépendant. Comment recréer du lien social, de la vie en collectivité. Peut-on encore parler de ville ?
Une mention spéciale du jury a été attribuée à cette idée originale.
City-Bot : quand on débranche la ville numérique.
Hypothèse principale : l’espace public ne sera bientôt plus qu’un lieu de transit pour une population de cyborgs. Nous sommes tous un peu cyborg, au sens où nous sommes tous capables de s’augmenter nous-mêmes. Le concept est baptisé « City-Bot ». Le « robot-citoyen » c’est chacun de nous lorsqu’il traverse les espaces sans les voir.
Avec la généralisation des smartphones, plus besoin d’observer l’espace pour savoir où l’on se trouve. De plus, ces petits objets high tech ont la fâcheuse tendance à occuper l’attention de manière intempestive, rendant nos City-Bots moins disponibles pour leur environnement. « Progrès ! », disent certains. « Dérive ! », affirment nos quatre participants.
Alors voilà. Comment fait-on pour rendre ces « robot-citoyens » un peu plus vivants, plus humains ? Et bien c’est simple, on les débranche.
En réfléchissant à une nouvelle géographie de la ville avec des espaces connectés et des zones blanches pour retrouver de nouvelles opportunités à l’espace. Prévoir également un bouton on/off aux box pour couper le flux d’information comme on coupe le courant.
Mais il est aussi intéressant de penser ces coupures comme un incident à certains lieux, à certains moments qui viendraient créer des potentialités et des temporalités différentes. Des TAZ (zone d’autonomie temporaire) orchestrés pour semer le trouble dans la population de cyborgs, de manière à bouleverser les habitudes et aussi, pourquoi pas, à créer de la connivence entre des personnes affectées par le même désordre.
A quand l’avènement des « Tazz Events » ?
Maison de quartier 2.0 : quand le numérique devient un outil local/low tech/low cost.
Il existe un joli paradoxe urbain entre les différentes perceptions de proximité spatiale, temporelle et numérique. Une question : les réseaux sociaux génèrent-ils du lien social ? Le parti-pris de ce groupe est de proposer un système territorialisé permettant de relayer l’essentiel des infos locales du web sur le terrain.
L’idée est de créer un lieu qui centralise des informations de nature les plus diverses (culturelle, vie de quartier, événements municipaux, etc.) à l’échelle d’un quartier. Territorialiser l’information c’est la rendre accessible au plus grand nombre et également favoriser l’échange entre les habitants. Ceux-ci diffusent une information précise, ce sont de véritables experts de leur quartier.
Ce qui différencie cet espace des maisons des associations classiques, ou encore des squats, c’est le simple fait que le riverain peut alimenter la base de donnée en y apportant le fruit de ses balades sur le web, elles sont triées par un médiateur culturel. Une agrégation d’informations transmise à la fois depuis l’extérieur et depuis l’intérieur du local.
On peut donc simplement y avoir accès en passant dans la rue et pour les plus curieux aller chercher des détails de l’information en entrant dans ce lieu. Enfin, cette maison de quartier 2.0 peut être connectée à d’autres à une échelle inter-régionale.
Autrement dit, ce groupe avait l’ambition prudente de penser à la matérialisation d’un hyperlieu, ne nécessitant pas d’investissement fou, destiné et enrichi par les habitants locaux.
Et si ce n’était que le début ?
Cet article ne retranscrit qu’un avant goût de ce que représente un tel événement. Une belle expérience qui se termine par une discussion générale entre groupe/jury/pilote : « Et si ce n’était que le début ? » Voilà en quelques mots les réactions des acteurs de l’atelier. Quoi qu’il en soit, UrbaNews.fr n’en restera pas à ce premier atelier. Tentés ?
Affaire à suivre.
PS : avis aux participants, n’hésitez pas à commenter cet article pour compléter nos résumés et diffuser vos coordonnées personnelles si vous le voulez. Vos projets méritent un suivi, à vous de diffuser la bonne parole. Cet atelier peut jouer le rôle de tremplin.
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