Eviter l’urbanisation anarchique
Certains territoires ruraux sont polarisés et présentent un accroissement démographique non négligeable. Ces territoires sont ainsi confrontés à une pression foncière à laquelle il faut impérativement réagir et prendre le contrôle, afin d’éviter une urbanisation « anarchique » et consommatrice d’espace. C’est par exemple le cas de la Communauté de Communes Rhône-Valloire, située à une soixantaine de kilomètres au sud de Lyon, le long de l’A7. En tant que territoire rural aux portes de l’aire métropolitaine lyonnaise, la communauté de commune attire de nombreux citadins provenant de l’agglomération lyonnaise. En effet, ceux-ci, désireux d’habiter « à la campagne » tout en travaillant en ville trouvent ici un bon compromis. Ainsi, près de 50% des pétitionnaires des permis de construire déposés sur une partie du territoire sont originaires de l’agglomération lyonnaise, ce qui représente une proportion exogène très importante.
Les collectivités locales concernées doivent donc prendre en compte ce phénomène dans leur stratégie habitat. Ainsi, en lien avec les objectifs du SCOT qui préconise un renforcement de l’armature urbaine, le PLH prescrit une maitrise de la consommation foncière corrélée à une régulation du rythme de l’activité immobilière. Le nombre des mises en chantier ayant atteint un niveau record de 2005 à 2009, les élus et les techniciens s’accordent à œuvrer afin de retrouver un rythme de construction plus raisonnable. Ceci permettra au marché d’absorber correctement l’offre et de ne pas se trouver dans une situation de sur offre.
De surcroit, la maîtrise des futures opérations permettra d’éviter les erreurs du passé. Lors de la période de forte urbanisation, la qualité urbanistique de nombreux lotissements privés construits à cette occasion laisse à désirer. Ceci est en partie dû au manque de concurrence entre opérateurs privés sur certains territoires périphériques. A l’avenir, la prise en compte souhaitée systématique de l’avis de l’architecte conseil de l’intercommunalité serait un gage de qualité.
Il fallait y penser avant…
Or, un peu partout en France, des collectivités dénoncent des programmes immobiliers et des lotissements n’ayant aucune intégration urbanistique avec l’environnement alentour, et une qualité bâtie qui laisse à désirer. Mais ces collectivités se contentent seulement d’instruire les autorisations d’urbanisme. En effet, et ce n’est pas toujours une question de moyens, les services techniques ne vont pas jusqu’à négocier les typologies proposées et le parti architectural de ces projets privés, et se plaignent que les opérateurs privés déposent leur permis d’aménager sans l’avoir négocié au préalable. Mais même si cette étape devrait être un réflexe pour les opérateurs, elle devrait d’abord l’être un pour les collectivités, qui, en prenant les devants en exposant clairement leur vision aux promoteurs, se dispenseraient d’avoir bien des mauvaises surprises lorsqu’elles découvrent sur le terrain des opérations livrées qui ne leur conviennent pas.
Partenaires, pas ennemis !
Ceci peut venir d’un manque de volontarisme des élus, mais aussi d’un manquede légitimité des structures intercommunales auprès des communes, alors que ces intercommunalités disposent parfois d’un architecte conseil. Alors que les communes peuvent solliciter les intercommunalités qui peuvent leur apporter une expertise supplémentaire, ces échanges potentiellement bénéfiques n’aboutissent pas toujours car ils ne sont pas obligatoires. Ces manquements subsidiaires corrélés à des difficultés d’optimisation du travail entre ces différents acteurs nuisent parfois singulièrement à la qualité de ces opérations immobilières. Afin de contrecarrer ces freins aux synergies qui peuvent ressortir de ces collaborations, une évolution nécessaire des mentalités permettrait d’améliorer le cadre de vie des citoyens, en évitant des querelles nuisibles entre communes et intercommunalités et les manques de communication entre collectivités et opérateurs.
Prenez exemple
La ZAC Lyon Confluence
Les erreurs du passé permettent d’avancer. C’est ce qu’a compris la ville de Lyon qui en 2001, décide de déplacer l’intervention de l’architecte conseil à l’amont des projets. Ce rôle stratégique placé à ce stade d’avancement des projets permet entre autre de s’assurer de l’intégration urbanistique du projet au sein du bâti existant. Adieu les juxtapositions d’opérations sans véritable cohérence urbaine ! Ce type de collaboration est entré dans les mœurs, les promoteurs y sont aujourd’hui habitués. Symbole de l’entrée de ces pratiques dans les habitudes des uns et des autres, la
ville de Lyon, l’Etat, les architectes et les promoteurs ont signé en 2006 une « Charte d’engagement au service de la qualité urbaine ». Un gage de plus pour un urbanisme de qualité.
Sources : Mémoire M2 Maxime Coin + Lyon Citoyen