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Voiture sans chauffeur : ce qui va changer sur nos routes

Alors que Google s’emploie toujours aux tests d’un concept de voitures autonomes et sans chauffeurs, il va falloir se préparer, peut être plus tôt que prévu, à voir arriver sur nos routes de nouveaux modèles de conduite assistée par ordinateur. Concrètement, cette révolution technologique, au moins aussi importante que l’invention de l’automobile, contribuera à modifier en profondeur nos rapports quotidiens aux mobilités, à changer les villes et leurs réseaux, leurs fonctionnements et qui sait, peut être à gommer leurs dysfonctionnements… Petit tour d’horizon de ce que la voiture autonome pourrait bien changer sur nos routes d’ici à 2030.

 La fin des embouteillages ?

Les difficultés de circulation auxquelles les grandes villes et leurs périphéries font face actuellement pourraient bien être d’ici à 2030, un problème à remiser au placard. C’est en tout cas ce que laissent penser les premiers essais autour du développement de systèmes de régulation et de gestion de la conduite sur des voitures en partie autonomes et qui disposent déjà (pour les modèles produits récemment) de toute la technologie nécessaire à sa mise en pratique.

A l’instar des expériences de gestion active du trafic routier, déjà lancées sur plusieurs grands axes à travers le monde, les systèmes de régulation de la conduite et notamment de l’adaptation de la vitesse aux contextes routiers, devraient permettre de fluidifier le trafic et d’augmenter en parallèle la capacité des routes et de certaines autoroutes jusqu’à 273%.

En communiquant entre elles, les voitures pourront alors anticiper sur l’état du trafic et optimiser leur vitesse pour limiter la survenue de bouchons ou de zones de ralentissements, sinon pour offrir à leurs usagers, l’itinéraire le plus sûr et le plus rapide.

Des « trains » sur les routes

Dans l’idée similaire de fluidifier les routes et d’optimiser les déplacements, le projet européen SARTRE pour SAfe Road TRains for the Environment, cherche à créer les conditions optimales au développement de « trains routiers » au sein desquels des véhicules, de particuliers ou d’entreprises, pourraient librement s’insérer pour bénéficier de l’assistance d’un « wagon de tête » qui dirigerait le peloton.

Le principe du train routier développé dans le cadre du projet SARTRE

Il suffirait au conducteur d’inscrire sa destination sur son GPS qui lui indiquerait la position du « train » le plus proche. Il n’aurait plus alors qu’à se rapprocher de la queue du  convoi pour que son véhicule prenne le relais via une communication radio.

Une fois arrivé à proximité de sa destination, les véhicules présents dans le convoi s’écarteraient et le conducteur pourrait reprendre la main sur sa voiture pour s’extraire de la file.

Une modification des environnements routiers

Avec la voiture autonome on peut également s’attendre à ce que les environnements immédiats de nos routes et de nos villes soient profondément modifiés. Comme les véhicules devraient à terme interagir entre eux et disposer de toutes les variables aussi bien aléatoires que constantes nécessaires à l’exercice de la conduite, beaucoup des aménagements routiers que l’on connaît  à l’heure actuelle pourraient disparaître.

A ce titre, les feux tricolores ou d’autres éléments de signalisation routière déjà intégrés et géoréférencés dans le système de fonctionnement des véhicules, n’auraient plus vraiment leur place sur le bas côté des routes. On passerait alors d’un modèle actuel de gestion individualisé des informations, des risques et des aléas routiers par les conducteurs, à un modèle « holistique » de prise en charge de la conduite, ou tout pourrait être géré depuis un « poste central ».

A défaut de ne modifier que l’environnement physique de nos routes, la voiture autonome devrait  largement contribuer à redéfinir l’ensemble des sphères d’activités qui gravitent autour du fonctionnement actuel des transports individuels ou des « externalités » qu’ils induisent : disparition des métiers de la sécurité routière ou du permis de conduire, diminution des interventions d’urgences liées à des accidents, report des usages des transports collectifs vers l’individuel, etc.

L’essor de l’autopartage

Du côté des usages, la voiture autonome pourrait bien précipiter sinon asseoir davantage le concept d’autopartage, ou la propriété ne serait plus la norme mais deviendrait peu à peu, l’exception.  C’est en tout cas ce que pense l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) qui table sur le fait que l’autonomisation des véhicules désolidarisera progressivement le conducteur de son statut de propriétaire, vers celui du simple usager.

La voiture deviendrait alors moins, un bien individuel, que davantage, un bien partagé, un outil mis au service des déplacements de l’usager. L’autonomisation des véhicules pourrait par exemple permettre à un utilisateur de se faire déposer chez lui, de payer à un opérateur le prix de la course, puis de laisser la voiture partir vers une autre demande d’usager. Le lendemain, il retrouverait la voiture garée devant chez lui, à l’heure à laquelle il aurait programmé son déplacement.

Google et les cartes

Pour le moment, la voiture autonome reste au stade de l’expérimentation. Son développement commercial pourrait néanmoins arriver assez vite, comme le pense Google. L’entreprise américaine estime ainsi que la voiture sans chauffeur pourrait sillonner les routes californiennes à la fin de la décennie, si ce n’est avant.

La voiture autonome de Google

Concrètement, Google demeure pour le moment et en dehors des constructeurs automobiles engagés sur des prototypes, l’entreprise la plus en avance sur le développement de la voiture autonome. Google dispose par exemple d’une base cartographique extrêmement bien fournie et les voitures qu’elle teste actuellement pourraient rapidement venir enrichir cette connaissance virtuelle qui devient peu à peu un élément de maîtrise du monde réel.

Dans ce cadre, l’entreprise pourrait bien devenir, dans le combat qu’elle livrera avec d’autres fournisseurs d’applications cartographiques (Apple, Amazon, etc.) un négociant d’outils pour les constructeurs qui voudraient bien se lancer dans l’aventure.

Reste maintenant à savoir comment les usagers eux-même aborderont le concept. Pas évident en effet, de se dire que l’on risque bientôt de lâcher le volant et de confier sa conduite, aussi sûre puisse-t-elle être alors, à une commande automatique…

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