La plus longue ligne à grande vitesse (LGV) du monde a vu le jour le mercredi 26 décembre 2012 en Chine. Elle relie Pékin (Beijing), capitale chinoise située dans le Nord du pays, à Canton (Guangzhou), grand pôle économique du Sud de la Chine. Ce projet colossal a nécessité un investissement d’environ 250 milliards de yuans, soit 30 milliards d’Euros et s’est construit sur trois ans.
Cette ligne, longue de 2 298 kilomètres, portant le nom de Jingguang (mélange de Beijing et de Guangzhou) permet aux trains de circuler à une vitesse moyenne d’environ 300 km/h, divisant ainsi le temps de trajet du train « classique » par trois, le faisant passer de 22 heures de trajet à 8 heures. La ligne dessert ainsi 35 gares dont certaines grandes villes comme Zhengzhou ou encore Wuhan.
Une date symbolique pour un renouveau ferroviaire
La date de mise en service de cette LGV – 26 décembre – n’est pas anodine puisqu’elle correspond au jour d’anniversaire de la naissance de Mao Tsé-Toung, fondateur de la République populaire de Chine en 1949, né le 26 décembre 1893. Au-delà de cette portée historique, elle a également pour but de faire fi du passé néfaste du ferroviaire chinois. En effet, la collision entre deux trains le 23 juillet 2011 avait fait 40 morts et 200 blessés aux alentours de Wenzhou. Un véritable scandale avait alors éclaté quant à la sécurité du réseau grande vitesse chinois, allant jusqu’à provoquer la démission du Ministre des Chemins de Fer. L’économie ferroviaire chinoise a également pâti de cet accident puisque ses exportations en la matière ont fortement diminué. Ainsi, le maintien de la création de cette nouvelle LGV est un signe fort en faveur d’une sécurité et d’une maintenance accrues dans le domaine ferroviaire.
Les LGV chinoises, une économie fleurissante
Ayant construit le plus vaste réseau de TGV au monde avec plus de 8 000 kilomètres à ce jour, le gouvernement chinois considère le développement du domaine ferroviaire comme essentiel du point de vue de l’essor économique du pays puisque des facilités de circulation pour les personnes et les biens sont en jeu. Depuis le début de l’année 2012, plus de 50 milliards d’Euros ont été injectés dans l’économie ferroviaire, intégrant le plan de développement national devant amener à près de 16 000 kilomètres de LGV d’ici 2020.
Pour réaliser cette prouesse technique, la Chine s’est appuyée sur les transferts de technologie occidentale principalement consentis par Alstom, Siemens et Kawasaki. Désormais en lice dans la compétition de l’exportation des technologies liées aux lignes à grande vitesse, la Chine a la ferme intention de rattraper un retard jusqu’alors accumulé dans ce domaine. En effet, la Chine a même signé des contrats avec la Turquie ou encore le Venezuela et compte aujourd’hui parmi les grands acteurs des appels d’offres internationaux.
Un public encore indéfini
Le Jingguang permet donc à la Chine de bénéficier d’une image positive grâce à des innovations faisant rêver voyageurs et urbanistes. Cependant, les billets les moins chers coûtent environ 106 €, ceux de la première classe 170 € et ceux du salon VIP 365 €. Comparés aux prix pratiqués par la SNCF, ces billets semblent tout à fait abordables mais ils sont à mettre en relation avec le salaire moyen chinois qui est de 185 € par mois. Ainsi, il est légitime de se questionner sur le public de cette nouvelle ligne à grande vitesse puisque les plus défavorisés ne pourront pas investir plus de la moitié de leur salaire mensuel pour emprunter ce nouveau train, mais privilégieront le train mettant 22 heures. Quant aux plus riches, ils préféreront probablement l’avion qui reste plus rapide pour relier Pékin à Canton ; sans compter que les compagnies aériennes proposeront certainement des offres très attractives pour conserver, voire gagner des clients.
Ainsi, la ligne Beijing – Guangzhou ne se prête pas réellement à une traversée Nord – Sud du pays, mais plutôt à des déplacements « inter-cités », c’est-à-dire de ville province à ville province. En termes de fréquentation de la ligne, le test grandeur nature aura lieu en février 2013, lors des congés du Nouvel an lunaire, période à laquelle les Chinois se déplacent par millions pour traverser le pays.