Arcachon ou le territoire de la mobilité durable
La ville d’Arcachon, station balnéaire girondine, compte plus de 12 000 habitants sur son territoire d’environ 7,5 km² et connaît une importante circulation automobile doublée d’un manque de places de stationnement. Le tout engendre une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi que des nuisances sonores. Fort de ce constat et décidé à lutter contre le phénomène, le Conseil municipal d’Arcachon a voté, courant juillet 2012, en faveur de l’offre de vélos aux résidents de la ville en faisant la demande. Entre 500 et 3 000 petites reines devaient être offertes d’ici à 4 mois mais c’est en réalité le 19 janvier 2013 qu’a commencé la distribution des bicyclettes.
Pour le maire UMP Yves Foulon, cette « alternative à la voiture est l’aboutissement d’une politique douce des transports en ville ». En effet, cette distribution fait suite à différentes mesures déjà mises en œuvre sur le territoire arcachonnais allant dans le sens d’une mobilité plus verte. S’inscrivent dans cette logique le bus électrique gratuit Eho ! qui sillonne toutes les rues de la ville, complété par le réseau de bus Baïa ainsi qu’un bus de mer mis en place lors de l’été 2012.
« Arcachon en mode vélo » : l’affiche de la ville pour promouvoir les déplacements doux. Crédits photo : Ville d’arcachon
L’objet de toutes les convoitises est un vélo tout chemin (VTC) jaune et noir, aux couleurs de la ville. Ce dernier est numéroté afin de le retrouver parmi ses congénères, sur l’un des nombreux endroits de stationnements mis en place dans les lieux de vie de la ville, à proximité des 15 kms de pistes cyclables.
Pour décrocher son précieux sésame, il faut répondre à quelques conditions relativement aisées à remplir. La première d’entre elles est la nécessité de demander à bénéficier de l’un de ces vélos (plutôt logique). Ensuite, la personne doit prouver qu’Arcachon est le lieu de sa résidence principale (en produisant une photocopie de sa taxe d’habitation) et qu’elle est apte à faire du vélo, certificat médical à l’appui. Enfin, les futurs propriétaires devront signer une charte de bonne conduite les engageant notamment à ne pas revendre le vélo qu’ils seront d’ailleurs amenés à récupérer personnellement.
Des vélos personnels plutôt qu’en libre-service, générosité ou économie ?
Offrir un vélo à chaque citoyen en faisant la demande semble être un élan de générosité de la part de la commune arcachonnaise. Qui n’a jamais rêvé, étant enfant, qu’on lui offre un beau vélo ? Ce rêve est devenu réalité en ce début d’année : près de 600 vélos ont déjà été distribués à ce jour.
Ces derniers ont été commandés auprès de l’entreprise française Arcade Cycles, à 137 € l’unité. En sachant que 3 000 vélos environ ont été commandés, la facture s’élève à plus de 400 000 €, montant relativement élevé pour la petite commune girondine. Cependant, il faut garder à l’esprit que cette dépense est un mal nécessaire pour la ville, son environnement, la conservation de son attractivité et in fine son budget.
En effet, une ville qui pédale est une ville apaisée tant aux niveaux respiratoire que sonore, ce qui est aussi bon pour son image auprès des touristes. De plus, cette réponse à un besoin – celui de limiter la circulation automobile – ne pouvait être que de trois ordres d’un point de vue cyclable : mettre à disposition des vélos de manière gratuite, le faire de manière onéreuse ou bien offrir un vélo aux habitants.
La dernière solution a été choisie après qu’un devis a été établi pour connaître la faisabilité financière d’un système comme le Vélib’. Ce dernier a vite permis d’écarter la possibilité d’un système de vélos en libre-service (VLS) car le coût s’élevait à 800 000 € avec des frais annuels non négligeables. Ce montant colossal, au regard de la solution choisie par la ville, tient au fait qu’à la différence d’offrir un vélo aux habitants, en proposer à la location implique d’entretenir un parc de vélos, de les réparer ou de les remplacer, de gérer les cautions mais aussi de déplacer certains cycles d’une station à l’autre ; le tout exigeant la création d’un nouveau service à la ville.
Un vélo aux couleurs de la ville. Crédits photo : DR
Arcachon a ainsi opté pour la solution la moins coûteuse, mais aussi la plus pratique pour les habitants qui disposent désormais d’un vélo flambant neuf dans leur garage ou attaché à l’un des nombreux arceaux à vélos de la commune.
Cette première en France contribue ainsi à faciliter le passage du vélo en tant que loisir au vélo en tant que moyen de transport. De plus, cela s’inscrit dans une dynamique nationale puisqu’en 2012, le nombre de vélos vendus dans l’Hexagone était supérieur à celui des voitures vendues (3 millions contre 2,25 millions) ; bien que cela soit à mettre en perspective avec les 400 000 vélos volés annuellement et qui sont partiellement remplacés par les victimes.
Ainsi, malgré l’absence de réelle prise en compte des déplacements à vélo par l’INSEE dans son recensement 2013, ce moyen de transport est toujours à l’ordre du jour et poursuit son développement, ce qu’Arcachon a bien saisi.