A partir d’aujourd’hui et jusqu’à la mi-novembre, les chambériens vont voir se découvrir la Leysse petit à petit. Ce cours d’eau est en effet recouvert d’une chape de béton depuis les années 50, dont l’existence a largement fait oublier qu’une rivière est présente au cœur même de la ville.
Ces travaux comptent en réalité trois opérations distinctes. La première, la plus emblématique, est la « redécouverte » de la Leysse sur 125 mètres. Pour enlever la couverture de béton, un portique de 10 mètres de haut et de 21 mètres de portée est déjà installé et va permettre de charrier des blocs de 60 tonnes. La seconde opération est le remplacement d’une partie de la couverture, l’ensemble du cours d’eau n’étant pas destiné à être découvert. Enfin, un dernier tronçon se verra renforcé par des fibres de carbones afin de pouvoir soutenir le futur centre d’échanges des bus de la ville.
Si ces opération vont assurément égayer la proximité du Palais de Justice (qui fait lui-même l’objet d’un plan de 750 000 € pour sa rénovation), elles ne sont que les phases préparatoires d’un projet plus vaste, redéfinissant les circulations routières du centre de Chambéry. Ce projet, développé par le cabinet de Paul Chemetov, prévoit en effet de modifier considérablement les déplacements en redirigeant une partie du flux routier du centre ville vers des axes périphériques existants ou programmés.
En donnant la priorité aux bus (nouvelles voies réservées, nouveau centre d’échanges), en augmentant la surface des zones piétonnes et en déplaçant un certain nombre de places de parkings centraux vers de nouvelles zones excentrées, le projet prend le pari de permettre aux pendulaires de se garer en périphérie afin de soulager les stationnements des résidents dans l’hypercentre. Une diminution de 25% de la circulation sur l’axe de la Leysse est ainsi espérée, ce qui représente une diminution de 8000 véhicules par jour. Interrogé sur la possibilité de consentir à des « sacrifices » pour concrétiser son projet, Paul Chemetov a ainsi répondu « il n’y a pas de jeu à somme nulle ». Selon lui, l’essence du projet est de renverser la situation existante, présentant un rapport de 2/3 pour le goudron et de seulement 1/3 pour la nature et les modes doux.
De fait, le projet propose sur le secteur concerné (de 108 000 m²) de passer de 75 000 m² de voirie à seulement 26 000 m² au profit des espaces paysagers et dédiés aux modes doux, qui voient leur surface doubler, ainsi qu’aux voies de transport en commun en site propre et à la découverte de la Leysse. Prétendre que le projet rend sa place à la nature serait cependant abusif. Le nombre de places de stationnement ne varie ainsi pas et la construction d’un parking de 700 à 1000 places est notamment envisagée. De surcroît, le projet repose en grande partie sur la construction d’un ouvrage d’art important qui enjambera sur 140 mètres les voies de chemin de fer afin de connecter le centre à la voie rapide urbaine et à l’important parking-relais précédemment cité. Cet ouvrage devra ainsi accueillir un trafic estimé entre 8 000 et 12 000 véhicules par jour.
Le coût de l’ensemble du projet est estimé à 100 millions d’Euros et devrait s’échelonner sur une dizaine d’années. Les travaux préparatoires en cours, quant à eux, se termineront en 2014 avec une dernière phase de remplacement de la couverture de la Leysse en amont des opérations actuelles.
Pour information, ce découpage par phases n’est pas imposé par des contraintes de faisabilité ou de ressources, mais par la loi sur l’eau. Cette dernière interdisant les travaux au dessus du cours d’eau durant la période de reproduction des poissons, aucune activité ne peut avoir lieu de novembre à mars.