Quelle est l’odeur de nos villes ? C’est la question que Kate McLean, designer et photographe anglaise, s’est posée et pose aujourd’hui au travers de son travail. Un exercice qui bouleverse quelque peu le monde de la cartographie sensorielle et réinterprète la matérialisation de nos sens, à l’épreuve de la ville et de ses espaces publics.
Les villes ont leurs odeurs. Si on évite en général de citer celles qui caractérisent leurs ruelles sombres ou l’atmosphère lourde de leurs pissotières (voir les odeurs des stations du métro parisien), il arrive parfois que l’on associe certains de leurs lieux, à des impressions olfactives particulières.
En 2011, alors que la designer passionnée de cartographie, parcours la ville d’Edimbourg, l’idée lui vient, peut être au hasard d’une brasserie ou d’une cale du port, de révéler l’odeur de la cité. Depuis, l’artiste a reniflé ailleurs, et passant d’Edimbourg à Glasgow, puis de Glasgow à New York , a cartographié une centaine de ces odeurs urbaines, des effluves de maltes des pubs écossais, aux fumées des stands de hot dog de Broadway.
Entre l’exercice scientifique et l’œuvre d’artiste, Kate McLean s’aide de ceux qui font la ville, des habitants, ou des gens de passage, afin de cartographier ce qui tient davantage de la sensation, que de la donnée brute.
Pour cartographier les odeurs de la ville de Paris, elle explique ainsi comment, plutôt que de recueillir une base statistique, sur des milliers de réponses, elle a préféré saisir les impressions de ceux qu’elle rencontrait sur place :
« … je suis vraiment intéressée par les histoires et les connexions émotionnelles que les gens utilisent pour décrire des odeurs. »
Alors que l’odeur d’Edimbourg tire plutôt sur le Fish and Chips, celle de Paris, évoquerait du miel. Un constat que la designer s’essaie alors à expliquer :
« … j’ai pensé au nombre des parquets, et l’odeur de miel qui se dégage des produits d’entretien utilisés. »
Preuve que la ville ne s’appréhende pas qu’à la faveur de ce que nous renvoient sa morphologie ou ses infrastructures, les cartes de Kate McLean nous donne à penser un urbanisme plus sensuel encore. Un urbanisme au sein duquel les saveurs et les odeurs de la ville auraient tout autant leur place dans les diagnostics urbains, que les données économiques. Une perspective pour demain, peut être, déguster ces espaces, comme on apprécie un bon vin (avec modération bien entendu)…
Source : The Smithsonian