Difficile de dire quand le macro-urbanisme a gagné le cœur de nos édiles, mais il est définitivement ancré dans les modes de penser la ville et son pendant le territoire. De la métropolisation à la globalisation, c’est en quelque sorte une forme de consanguinité des villes qu’on lui doit.
La ville « générique » ou « franchisée » décrite par David Mangin
Ceci est la cause de cela, et il apparaît donc évident que ce modèle transmis, partagé et calqué à l’infini fasse des fausses couches. Et c’est Robert Harding Pittman qui s’en fait le témoin avec un livre et une exposition, « Anonymization« .
Ce photographe américain expatrié en Espagne expose dans Anonymization
Ce travail tient du plaidoyer. Visez plutôt les questions qui conduisent Pittman : « Qu’est-ce que la nature ? Est-ce qu’un gratte-ciel new-yorkais est moins naturel que les Redwood de Californie ? Sommes-nous, êtres humains, vraiment au contrôle quant à l’évolution de la Terre, ou est-ce nos actions ?«
Anonymization présente un début de réponse illustrée à ces questions mais finalement, on peut se demander si l’auteur nous présente des paysages anonymes ou des paysages d’anonymes… Ces clichés ne peuvent être que la métaphore d’une époque qui nous fait perdre nos racines, qui nous plonge dans un individualisme acerbe et qui nous éloigne de valeurs fondamentales. C’est ce que souligne l’écologiste américain Bill McKibben à propos de l’exposition : « Ces images […] nous rappellent à quel point les endroits, les textures, les foyers et les communautés réels se font rares. Dans de nombreux cas, ces clichés sont le visage de l’explosion de la bulle immobilière mais ils parlent aussi et surtout d’une rupture plus profonde, la manière dont nous avons pensé (ou pas) le monde dans lequel nous vivons.«