Être urbaniste en Chine : entre rêve et réalité
Quel jeune diplômé en urbanisme n’a jamais rêvé avoir l’opportunité de débuter sa carrière au sein d’un pays émergent où l’urbanisation est un facteur clé d’une croissance à 2 chiffres ? « Tous ! » me répondrez-vous.
Moi, Christelle (« Chris » pour les english), j’ai été « Planner – Urban Designer » (« urbaniste » pour les français) à Shanghai pendant deux ans. Deux années enrichissantes, tant d’un point de vue professionnel que culturel, mais aussi très surprenantes, parfois même déconcertantes.
En 2011, alors étudiante en Master, on me propose un stage au sein d’une société américaine implantée à Shanghai. Après une visite de leur site web, une interview avec le big boss et ma convention signée, décollage direction la Chine, un pays en pleine émergence qui évolue au rythme des milliers de projets d’urbanisme qui voient le jour quotidiennement. Excitation et, maintenant je peux l’avouer, [légère] appréhension. Durant les onze heures de vol au départ de Paris, vol au sein duquel 75% des passagers sont des chinois, vous entamez déjà une certaine adaptation culturelle. Bousculade dans les allées, discussion à haute voix, odeur de soupes de nouilles,… Bref, qu’on se le dise, voyager avec des chinois n’est [vraiment] pas de tout repos !
A peine l’avion atterrit, les chinois sont déjà tous debouts avec leurs téléphones portables allumés entre les mains. Welcome to China ! Top départ pour une aventure qui s’annonce saisissante.
Première impression dans le taxi qui me conduit dans le centre-ville de Shanghai : ici tout semble aller extrêmement vite!
Pas seulement les chauffeurs de taxis qui vous offrent, quotidiennement, la sensation d’être en seconde position sur un circuit de Formule 1, je fais évidemment référence aux nombreux projets en construction que j’ai [très] rapidement repéré tout au long du trajet. Passage devant le site de l’Exposition Universelle et léger ralentissement du shifu (« chauffeur de taxi » pour les Français !) pour me montrer un bâtiment dont tous les chinois sont extrêmement fiers : le pavillon Chinois, un des soixante-dix pavillons nationaux édifiés pour l’Exposition Universelle qui a eu lieu à Shanghai en 2010. Œuvre de l’architecte chinois He Jingtang, ce pavillon, surnommé « Couronne de l’Orient » est l’un des plus imposant de l’histoire des expositions internationales mais aussi le plus coûteux (220 millions de dollars). Symbole et vitrine de la civilisation chinoise, certains visiteurs ont d’ailleurs attendus plus de 5 heures pour le visiter.
Après trente minutes de course effrénée, le chauffeur s’arrête enfin [ouf je suis vivante !]. Premiers pas à Shanghai, dans un des quartiers les plus animé de la mégalopole : People’s Square. Sensation de démesure, d’immense petitesse face à cette multitude de buildings, aux styles architecturaux si différents, qui m’entoure. Shanghai serait-il le New-York des Etats-Unis ?
Arrivée au quinzième étage d’un building situé en plein cœur du centre-ville de Shanghai et découverte de mon environnement de travail. Un hall très spacieux, agrémenté de mobilier design et de maquettes 3D de projets. Ce hall donne directement sur une grande salle de réunions/conférences, avec des fauteuils en cuir design, à la cloison entièrement transparente et avec une vue imprenable sur Shanghai et ses nombreux buildings. Je suis conquise !
Un de mes futurs collègues m’interpelle « Ni Hao Chris ! » et me propose une petite visite de la société. « Yes, sure ! Let’s go !» (En tant que française qui a suivi assidûment les cours d’anglais pendant sa scolarité, j’avais obtenu un niveau qui ne permettait de répondre que des phrases [très] courtes !). Nous traversons un petit couloir au fond duquel se trouve une porte ouverte sur… un immense (je dirais même immmmense !) open space peuplé exclusivement de Chinois en train, à première vue, de travailler. Steve (mon fameux collègue, de son vrai prénom chinois Chong) me présente (en mandarin) à tous mes futurs collègues. Sensation de mal-être quand tous n’examinent tel une créature venue de l’espace. Rapide bavardage avec certains, ceux qui « parlent » anglais. Début de la vraie aventure dans 3 jours, le temps de m’acclimater avec ce pays qui reste encore très mystérieux à mes yeux.
Le Jour J se déroule. A quelques détails près, comme n’importe quel premier jour dans une entreprise et mon manager m’intègre rapidement à un projet en cours. Premier obstacle : la barrière de la langue. En Chine et comme partout ailleurs, l’anglais est la langue du business. Mon boss ayant la double nationalité américaine et française (et ne parlant pas le mandarin), trois traducteurs étaient présents quotidiennement pour effectuer les traductions de nos projets et lors des réunions. Comme évoqué précédemment, certains de mes collègues avaient plutôt un bon niveau tandis que d’autres ne parlaient pas un mot d’anglais. Etant donné que nous travaillions en équipes de projet, il a donc fallut s’adapter.
Durant ces deux années, j’ai travaillé sur des projets urbains et touristiques de différentes envergures, de la création d’un quartier de ville à la réalisation d’une ville à part entière en passant par la création de sites touristiques à vocation internationale. J’ai notamment participé à la création d’une « Livable Healthy City » (ville saine et habitable) de 117km2. Un projet que j’ai réalisé, avec la collaboration de mes 5 collègues, en 2 mois. Petite question : connaissez-vous le Code de l’urbanisme version chinoise ? Non ? Figurez-vous que moi non plus car il n’en n’existe pas en Chine ! Seules quelques règles de hauteurs, de densité et d’espacement nous sont communiquées par les différentes provinces, à chaque début de projet. Là vous vous dîtes, « Travailler sur des projets de large envergure mais en plus sans [presque aucune] contraintes règlementaires : le rêve ! » C’est exactement ce que je me suis dit les premiers jours puis j’ai commencé à revoir mon jugement le jour où … je me suis rendue compte que, de part des cultures éloignées, chinois et occidentaux n’avaient pas la même définition du mot « productivité »
En France, il est fréquent d’entendre dire que « les chinois passent beaucoup plus d’heures à leur travail que les français ». Laissez-moi vous donner quelques précisions ! Voici rapidement le planning de la plupart de mes anciens collègues: Arrivée à l’office au plus tôt à 9:30am, s’octroyer 30 minutes pour prendre son petit-déjeuner devant son ordinateur (sans oublier le « discret » rot stipulant que c’était délicieux), travailler, déjeuner à 12:00am, s’adonner au sport national : sieste bras croisés sur le bureau ou allongés sur les canapés de la salle de pause, parfois même dans les salles de réunions, lumière éteinte, gare à celui qui viendra déranger ce temps précieux… Ces temps de repos se multiplient lorsque le big boss est en business trip…
A ce sujet, voici une petite anecdote que j’ai vécue qui, sur le coup, m’a quelque peu choquée. En ce mercredi 16 janvier 2013, j’étais censée avoir rendez-vous avec ma directrice à 4:30pm pour échanger autour d’un projet. Vers 4:45pm, ne l’apercevant pas à son bureau, je la contacte, via notre serveur interne de messagerie, 5 :00pm : pas de retour. 5 :15pm nouvelle tentative de message. 5 :30pm : toujours aucun retour. Vers 6 :00pm je me décide à lui écrire un mot et le déposer sur son bureau afin de reprogrammer cette réunion ultérieurement en fonction de ses disponibilités. Quel n’a pas été mon étonnement lorsque, arrivée à son bureau j’ai tout simplement découvert qu’elle….. dormait… et ce depuis [au moins| 4 :45pm !
Enfin, pour revenir à la journée de la plupart de mes anciens collègues : se rendre compte que son portable n’a plus de batterie (les chinois passent leur temps dessus à jouer) et qu’il est bientôt 6pm et qu’il va falloir penser à produire… Mais se dire que finalement ce n’est pas si grave car vous êtes employés au sein d’une société qui vous encourage à rester tard au bureau (dîner et taxi pris en charge après 7pm et 10pm)…. Voici donc une partie des raisons pour lesquelles les chinois passent beaucoup d’heures au travail.
Hormis ces différences culturelles, parfois déconcertantes, j’ai rencontré de nombreux chinois talentueux avec qui je suis toujours en contact, travaillé sur des projets multi-fonctionnels de large envergure au sein desquels j’ai pu développé mon sens de la créativité, mes compétences urbanistiques et architecturales à un niveau international. Prochainement, j’aurai l’occasion de vous détailler certains grands projets sur lesquels j’ai eu la chance de travailler !
D’un point de vue professionnel mais aussi humain, débuter sa carrière d’urbaniste par une expérience à l’international est, à mon sens, le meilleur moyen d’acquérir une réelle ouverture d’esprit et de solides capacités d’adaptation utiles tout au long de la vie professionnelle.
Dzaï djienne !
28 Commentaires
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Pour ceux que ça tenterai de partir travailler en Chine, ce témoignage est fait pour vous 😉 http://t.co/DuHD6Dx6fN
RT @Urbanewsfr: Être #urbaniste en #Chine: entre rêve et réalité http://t.co/P0rDck7L0e CC @Cricollad #Shanghai #Experience
Super article, très intéressant. Que fais-tu désormais ? Retour aux sources ?
Exactement ! Retour aux pays du fromage et du [bon] vin 😉
Installée sur Paris depuis peu, je suis en recherche [très] active d’un emploi au sein duquel je pourrais mettre à profit cette enrichissante expérience.
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« Être urbaniste en Chine : entre rêve et réalité » : à lire et à partager 😉 http://t.co/7YnONNgSAc #urbanisme #experience #chine #shanghai
De la perspective de mon ancienne collègue, super cool article qui décrit l’expérience d’être urbaniste en Chine! http://t.co/e0IVtnOdmk
Thanks a lot @Padeeo !
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RT @RIEGIsabelle: Être urbaniste en Chine: entre rêve et réalité | UrbaNews.fr http://t.co/DOATDjfsMm
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Cet « article » est probablement la chose la plus stupide et la plus triste que j’aurai lue cette semaine. Même au terme de deux (très longues, visiblement) années d’expériences dans un pays, il me parait présomptueux de pouvoir parler « des Chinois » –oui, tous les gentilés prennent une majuscule, même ceux que l’on veut salir. La Chine compte désormais plus d’1,34 milliards d’habitants, il faudra donc un peu plus qu’un stage de fin d’études pour affirmer que ceux-ci sont fainéants. Et non, finir par évoquer de « nombreux chinois (sic) talentueux » ne justifie pas d’avoir dénié la « productivité » de tous les autres auparavant.
Je pensais les urbanistes, par définition, un tant soit peu ouverts d’esprit et prudents dans leur jugement. Je découvre que certains en sont loin, parfois même en dépit d’une chance incroyable (en l’occurrence, celle d’être engagé dans un pays si lointain sans en parler la langue, avec seulement quelques rudiments d’anglais).
« Chris », toi qui as pondu ces lignes lamentables, si tu lis ça, excuse mon French mais, p*tain la prochaine fois, garde tes réflexions sur les Chinois qui rotent après les nouilles et avant la sieste et parle nous plutôt du travail que tu y as effectué 🙂
C’est évident qu’à travers son billet Christelle n’avait qu’une idée en tête : salir le peuple Chinois… N’importe quoi vraiment 😉 A lire votre commentaire on se dit que vous auriez sans doute bien besoin de vous déconnecter un petit peu 😉 Il s’agit là d’une simple anecdote qui a semble-t-il fortement marquée l’intéressée. Avouez que retrouver son boss en train de dormir alors qu’il est attendu en réunion n’est pas vraiment courant… De là à généraliser…
Personnellement j’attends la suite avec impatience 😉
Si mon ton était dur, c’est qu’il me paraît choquant de lire « sport national : sieste », « les Chinois passent leur temps [sur leur portable] à jouer »… J’espère également qu’il y aura une suite, cela voudrait dire que ce n’est pas tout ce que l’auteure a retenu de ses deux ans!
Peace (I guess)!
Je pense qu’il faut savoir pendre de la hauteur quand on lit un article. Clairement le ton de ce billet se voulait décalé, cela se sent dans certaines expressions employées. Je trouve qu’il faut un minimum de courage pour relater une expérience et la livrer aux yeux de tous. Je trouve donc votre commentaire très dur et surtout moralisateur cher Naël. Aller jusqu’à utiliser des expressions telles que « lamentable », « stupide »… Cela ne méritait pas cette acharnement. D’ailleurs, l’auteure en question a passé 2 ans dans cet entreprise, il ne s’agissait pas d’un » stage de fin d’études ». Mais peut être que votre envie de « dézinguer » (excusez mon « french ») était trop forte. En tant que lecteur, j’encourage Christelle à continuer dans cette voie et j’attends avec impatience la suite 🙂 PS: j’ai moi-même vécu 5 ans en Chine et je n’ai pas été choqué par ce qu’a écrit Christelle.
Cher Naël,
tout d’abord je te remercie d’avoir pris de ton temps pour réagir suite à mon article.
Il est vrai que j’ai peut-être utilisé certaines expressions quelque peu maladroites. Néanmoins, comme beaucoup de lecteurs l’ont compris, le ton de mon article est décalé.
De plus, comme tu as pu le lire, je parlais de « la plupart de mes collègues » et non de tous les chinois.
Aussi, avant de partager mon expérience purement professionnelle et les grands projets urbains, sur lesquels j’ai eu la chance de travailler pendant 2 années, il me semblait nécessaire d’expliquer l’environnement au sein duquel ces projets sont montés.
Enfin, je serai curieuse de savoir ce que tu as fait en Chine et échanger avec toi autour de ton expérience.
Sur ce, je te laisse, je vais faire la sieste ^^
Bonjour Christelle,
J’ai le regret de devoir appuyer Nael dans les remarques qu’il t’a faite. Au vu du titre de l’article, je m’attendais davantage à des réflexions comparant les méthodes de travail chinoises et occidentales, le poids du guanxi dans l’attribution des projets, etc… Pas à une énumération de faits divers montrant la fainéantise des collègues. Ce serait comme si un Chinois écrivait un article sur le fait que ses collègues prennent trop de poses café ou passent du temps à niaiser sur Facebook, cela n’apporte pas grand chose sur l’exécution concrète des projets, n’est ce pas ?
J’espère que tu ne prendras pas mal ma critique. En tout cas, j’attends avec impatience tes articles à propos des projets urbains sur lesquels tu as travaillé.
Bonjour Leviathan,
Je te remercie de ton retour suite à mon article.
Comme expliqué précédemment à Nael, il était nécessaire de dresser mon environnement de travail avant de rentrer dans le vif du sujet et partager quelques projets urbains sur lesquels j’ai eu la chance de travailler.
D’ailleurs, je t’informe que mon prochain article est en cours de rédaction !
« Quel jeune diplômé en urbanisme n’a jamais rêvé de débuter sa carrière au sein d’un pays émergent ? Tous ! » Ah bon ? http://t.co/3vMY959XEo
Être #urbaniste en #Chine : entre rêve et réalité via @Urbanewsfr http://t.co/0N5qapVquL
Bonjour Chirstelle !
Un article vraiment très intéressant et qui donne envie…
Je suis actuellement en train de chercher du travail en chine, pourrait-on échanger via mail ou autre ?
Merci !!
Avec plaisir !
Tu peux me contacter via Linkedin.
A bientôt,
Christelle