Alors que la mobilité urbaine s’impose comme l’un des grands chantiers pour les villes de demain, le transport par câble made in Grenoble s’affiche désormais un peu partout dans le monde. Avec plus de 8 000 installations construites depuis 80 ans et un chiffre d’affaires qui s’est élevé à 290,6 millions d’euros en 2014, le Groupe POMA est devenu un acteur incontournable des solutions de transport.
En 1936, Jean Pomagalski, ingénieur d’origine polonaise, installe à L’Alpe d’Huez son premier « tire-fesses » avant de créer, en 1947 sa propre entreprise de remontées mécaniques. Depuis, POMA n’a cessé de grandir en équipant une grande partie des massifs alpins français, avant de se diversifier depuis une dizaine d’années dans le transport urbain par câble, en exportant sa technologie à l’international.
Medellin en 2004, a été l’une des premières ville au monde à faire confiance aux cabines grenobloises pour développer son réseau de transport. Dix ans plus tard, le succès est toujours au rendez-vous, le Metrocable colombien étant fréquenté chaque mois par plusieurs millions de passagers. La seconde ville de Colombie qui compte 2,2 millions d’habitants a d’ailleurs tout récemment renouvelé sa confiance en confiant à POMA la construction de deux nouvelles télécabines débrayables pour étendre son réseau de transport urbain, dans le cadre d’un projet de déplacement durable baptisé Corredores Verdes. Les deux nouvelles installations doivent notamment permettre de désenclaver les quartiers situés sur les hauteurs de la ville. Les travaux ont débuté en juillet 2014 pour une ouverture au public prévue pour mi 2016.
Il faut reconnaître au transport par câble, l’avantage non négligeable de pouvoir s’affranchir des obstacles et des voies congestionnées en exploitant la dimension aérienne d’un site. Sa faible emprise au sol, son temps imbattable de mise en service et son coût défiant toute concurrence (jusqu’à 30 fois moins élevé qu’un métro ou un tramway) sont également des atouts importants. POMA l’a bien compris, en multipliant les projets en Amérique du Sud, à Oruro en Bolivie, Santiago du Chili, ou encore Zacatecas au Mexique.
Autant de chantiers qui devraient être livrés d’ici l’année prochaine, en un temps record. Une prouesse rendue possible grâce à la production de l’ensemble des pièces en interne : à 50 kilomètres du siège grenoblois, la filiale Sigma emploie ainsi une soixantaine de personnes pour fabriquer ses cabines…
En Amérique du Sud, POMA prouve une nouvelle fois que le transport par câble a vraiment sa place au cœur des réseaux de transports dynamiques, multiples et interconnectés, en un mot dans l’intermodalité. Il répond à de nombreuses problématiques d’aménagement, il a un très faible impact sur l’environnement, il est fiable, il s’adapte à toutes les contraintes de relief et il s’intègre à 100% au réseau de transport d’une ville pour répondre aux besoins quotidiens de déplacements des populations. Précise Jean Souchal, Président du Directoire de POMA.
Paradoxalement, en France, le transport par câble n’est encore que très peu présent. A Brest, il faudra attendre l’été 2016 pour pouvoir franchir les 460 mètres qui séparent les deux rives de la rivière Penfeld entre la ville ancienne de Brest et le quartier nouveau des Capucins. En 2018, le téléphérique du Val-de-Marne qui transportera jusqu’à 1 600 voyageurs par heure reliera Créteil à Villeneuve- Saint-Georges.
En parallèle, POMA s’est récemment associé à la RATP et au groupe Eiffage au sein du projet de recherche I2TC (Interconnexions transports en commun & technologies câbles) visant à favoriser le développement du téléphérique en milieu urbain, en mettant notamment en lumière l’excellence de la filière française dans ce domaine.
Ces entreprises et institutions se donnent trois ans pour “s’adapter aux fortes contraintes urbaines”, “augmenter la vitesse maximale des transports par câble au profit de la fluidité et de la capacité”, “réussir l’intégration urbaine de l’infrastructure” et “lever les freins psychologiques et techniques liés à l’usage en ville d’un transport associé en priorité aux sports d’hiver par la plupart des usagers”…