L’urbanisme « à la Prince Charles » en 10 leçons
Retour sur les 10 principes pour une « vision plus mature » de l’urbanisme « à la Prince Charles ».
L’année dernière, en 2014, le prince Charles a appelé les urbanistes dans une tribune écrite dans « The Architectural Review » a se reconnecter avec une approche traditionnelle de l’architecture et de l’urbanisme.
« Je ne comptes plus les fois ou j’ai été accusé de vouloir revenir à une sorte d’âge d’or. Cela n’est pas exact, car je m’attache a questionner le futur.» commença Charles.
A travers 10 principes qui mélangent le meilleur de l’ancienne et des nouvelles approches (selon lui), il veut offrir un outil pour créer des espaces en accord avec l’échelle humaine et la nature au cœur du process. Le prince Charles, qui est le potentiel futur roi d’Angleterre, aime réfléchir aux questions relatives à l’architecture et l’urbanisme : il partage régulièrement ses idées sur ces sujets avec de nombreux partenaires Outre-Manche. Ses critiques régulières sur l’architecture moderne et sa volonté de promouvoir un style plus « classique » lui ont valu de nombreuses critiques de la part de nombreux architectes de part le monde.
« Nous devons travailler dès maintenant sur comment nous pouvons créer des environnements urbains résilient, véritablement durables et à échelle humaine. Cela passe par l’utilisation de matériaux à faibles émissions de carbone, l’usage raisonné de la ressource foncière, l’indépendance au « tout voiture ». Quoi qu’il en soit, nous devons reconnecter les approches et techniques traditionnelles développés durant des milliers d’années qui ont été abandonnées dans l’approche moderniste du 20ème siècle car « dépassées » et « démodée ». Il est temps d’avoir une vision plus mature. »
– Les 10 principes du Princes Charles pour l’urbanisme –
- Les développements doivent respecter le paysage. Ils ne doivent pas être intrusifs ; ils doivent s’intégrer dans le paysage qu’ils occupent.
- L’architecture est un langage. Nous devons respecter les règles grammaticales de base, sinon c’est le risque de dissonance et de confusion qui guettent. C’est pourquoi le code de l’urbanisme est si important.
- L’échelle est la clé. Elle ne doit pas uniquement adapter le bâtiment aux proportions humaines, mais aussi correspondre à l’échelle des autres bâtiments et des abords structurants. Trop de nos villes ont été abîmé par des bâtiments négligemment placés et surdimensionnés qui déforment les sens accordés par les citoyens.
- L’harmonie – d’un ensemble. L’aspect de chaque bâtiment devrait s’intégrer avec celui des quartiers, sans pour autant créer l’uniformité. La richesse vient de la diversité, comme la nature le démontre, et devrait s’intégrer dans une cohérence bien souvent créée par l’attention du détail : l’encadrement des portes, les balcons, les corniches, les rampes,etc…
- La création d’enceintes de quartier bien conçues. Les quartiers doivent être bien plus qu’un paquet de maisons aux angles aigus. Les espaces bordés et entourés de bâtiments sont bien plus esthétiques, tout comme ils encouragent à la marche à pied et au sentiment de sécurité.
- Les matériaux comptent. Au Royaume-Unis, comme partout, nous sommes devenus dépendant à des matériaux de construction fades et standardisés. Il y a bien trop de béton, de bardage en plastique, de verre et d’acier employés, ne laissant aucunes places à la distinction. Pour des bâtiments qui dégagent un sentiment d’appartenance, nous devons recourir à des matériaux de constructions locaux et des styles architecturaux traditionnels régionaux.
- Signaux lumineux, lumières et accessoires. La signalisation peut être facilement surreprésentée. Nous devons être attentifs et limiter l’usage de ces équipements. Une leçon apprise à Poundbury (ville nouvelle créée en extension de la ville de Dorchester) est qu’il est possible d’animer les abords des rues par l’utilisation «d’évènements » tels qu’un banc, un parc ou des arbres qui incitent les usagers de la route à ralentir naturellement.
- Les piétons doivent être au centre du processus de conception. Les rues doivent être réclamées aux voitures.
- Densité. L’espace est un bien précieux, mais il ne faut pas non plus recourir aux blocs de grandes tours qui aliènes et isolent les individus. Je crois qu’il y a plus de bienfaits communs aux quartiers de manoirs avec terrasses. Vous n’avez qu’à considérer le charme et la beauté des quartiers comme Kensington et Chelsea à Londres pour imaginer ce que je veux dire. Il est aussi souvent oublié que ce quartier est le plus dense de Londres.
- Flexibilité. Des règles d’urbanisme et de voiries rigides et conventionnelles créent instantanément la nullité. J’ai cependant pu voir qu’il était possible d’apporter de la flexibilité dans les plans et que de nombreuses expériences que nous avons tentés ces 20 dernières années sont présentes dans les guides nationaux d’ingénierie, tel que « The Manual For Streets ».
Pour rappel, le Prince Charles est aussi à l’origine de la fondation « The Prince’s Foundation for Building Community » qui s’occupe de promouvoir, d’éduquer et de réaliser des projets autour de l’aménagement durable, de construction durable et de développement communautaire au Royaume-Unis, mais aussi en Afrique, en Asie et en Amérique. C’est principalement sous cette « casquette » qu’il se permet d’intervenir sur ces sujets.
L’essai complet a été publié dans l’édition de Janvier 2014 du magazine « The Architectural Review » et sur leur site internet.
-> Et vous, que pensez-vous du point de vue « royal » sur l’urbanisme du futur ?
16 Commentaires
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Assez d’accord avec le point 4, (redonner des contours aux fenêtres, repenser les façades…) mais gaffe à trop d’injonction d' »harmonie » et d’intégration paysagère »..
Par contre, en tant que piéton et automobiliste, non les parcs et arbres incitent pas à ralentir au contraire, c’est là ou on va plus vite. et ca incite pas forcément à faire les distances à pied.
Le temps nous semble plus court à pied, lorsque il y a une diversité de bâtiments, de l’activité, une sensation de densité. et en voiture, on ralenti.
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Je trouve qu’il a mentionné les principes fondateurs d’un urbanisme soutenable et humanitaire.Les spécificités locales de chaque territoire comme levier d’intervention, le caché historique de la zone, les matériaux locaux, le piéton comme pièce maitresse dans la composition urbaine, la flexibilité de la démarche conceptuelle des projets urbains; tout cela va offrir aux paysages urbains une image authentique et exceptionnelle en conformité et en phase avec un développement urbain local versus standard international.
Il a tellement raison! Mais bien sur quand le bon sens s’exprime et jette une Lumière crue sur des réalités dérangeantes on crie « au ringard retrograde »! L’architecture contemporaine publique vit sous la diktat d’une intelligentsia qui impose ses idées comme une nouvelle religion avec ses grand prêtres et ses inquisiteurs , gare à celui qui oserait critiquer un Franck Gehry ou le dernier bidule extraterrestre balancé sur un site urbain millénaire! Heureusement il y a l’UNESCO et le patrimoine pour sauver du pire! Le Corbusier (paix à son âme) voulait raser le grand palais pour y bâtir un de ses cubes hideux…(J’ai visité Shandigarh et j’ai rougi de honte…) Vive CHARLES!