On les appelle les « Digital Nomads« , cette nouvelle génération qui imposent des nouveaux standards et qui révolutionnent tous les pans de notre société : habitat, mobilités, travail, consommation, tout les secteurs y passent.
Ce sont ces gens, parfois freelance, parfois entrepreneurs, parfois salariés en télé-travail, parfois bénévoles associatifs qui veulent habiter, travailler, vivre partout comme chez eux. Ces nomades s’affranchissent alors de toutes les contraintes géographiques pour vivre leur vie, à leur manière. Parcourir le monde en quête de projets professionnels est en train de révolutionner notre société, a tel point que des secteurs entiers sont en train de vivre de plein fouet cette vague accélérée de transformation.
Trouver un hébergement n’ importe où
L’un des enjeux majeurs du Digital Nomad est de trouver un lieu propice à son épanouissement. Récemment, très récemment, nous parlions des nouveaux modes d’habiter : colocations, habitat participatif, habitat groupé, comme autant de façon alternative à l’achat immobilier classique pour vivre différemment. Le Digital Nomad lui, habite encore plus différemment : couchsurfing, réseau de canapé, auberge de jeunesse, airBnB. (voir notre article Just Share It) Ce n’est plus tant le confort et la sécurité de l’hébergement qui l’intéresse, ce sont : un accès WiFi rapide ou un réseau 4G correcte ; un accès rapide et facile aux transports internationaux et à une alimentation locale ; et un environnement propice au travail.
Notons à quel point la mise en réseau de particulier à particulier dans le domaine de l’immobilier impacte et inquiète. Après la révolution Uber face au secteur très rigide et réglementé des taxis, c’est bel et bien airBnB qui révolutionne le secteur de l’immobilier (les hôtels sont en première ligne avec l’apparition d’une concurrence rude, très qualitative et authentique, puis vient le secteur de la location avec une offre locative plus temporaire, plus flexible et plus accessible).
Trouver un environnement propice au travail n’ importe où
Avoir un environnement propice au travail est là aussi une révolution dans le cas du Digital Nomad. Très récemment nous parlions de la révolution créée dans l’immobilier d’entreprise via le sacralisé « open-space« , qui parlait de créer de nouvelle synergies de travail et de métamorphoser votre « lifestyle« . Il a surtout permis de créer trois choses :
- éviter la sieste de l’après déjeuner tranquille dans son bureau,
- permettre une surveillance accrue des manageurs sur les employés,
- rationaliser le m² pour réaliser des économies sur le loyer ou l’achat immobilier.
J’allais oublier les anecdotes croustillantes sur la vie conjugale des collègues et sur les coups de fils interminables de certains.
Le monde de l’immobilier a donc rapidement évolué vers les espaces de co-working, solution miracle aux interminables transports en communs, aux problématiques de l’open-space et nouveaux secteurs économique pour les sociétés immobilières. Sauf que là aussi, le Digital Nomad ne se sent pas à l’aise. Sauf peut être dans les coworking collaboratifs en plein centres urbains qui foisonnent de jeunes talents. Travailler dans un secteur de bureau en périphérie, loin de son équipe dans un désert de solitude, pour un loyer encore trop cher pour le futur start-upeur qu’il n’est pas encore, impossible.
Les lieux les plus propices à son épanouissement étaient jusqu’à très récemment : les cafés cosy, les café & co-working (en pleine expansion partout en France), les salles d’attentes des gares et des aéroports, et encore plus récemment, les incubateurs (tels que le « NUMA » à Paris).
Donc en résumé, le Digital Nomad n’aspire pas au même parcours résidentiel que la majorité des français (colocation, appartement 3 pièces, pavillon 5 pièces en banlieue et résidence secondaire à la campagne), et il ne supporte pas non plus les aspects rigides de la tertiarisation des services.
« Combien de digital nomads finissent par se sentir vraiment seuls dans leur hôtel ou leur 2 pièces Airbnb ? Combien décident d’aller dans une auberge de jeunesse pour rencontrer du monde et finissent par sortir 6 soirs sur 7, en se retrouvant le lendemain avec la gueule de bois devant leur laptop et leurs projets en retard ? »
– Thomas Despin, Digital Nomad que nous remercions pour le share et l’inspiration.
Trouver sa communauté, n’ importe où
Car finalement, la plus grande révolution des modes de vie actuels, est le besoin de se regrouper autour de l’habitat, des activités et des projets. La révolution développée par les réseaux sociaux implique un besoin de réunion physique via des outils numériques. Il y a déjà de nombreux groupes Facebook, il y a Meetup, il y a Hashtag Nomad, HackerHouse Paris et bien d’autres qui proposent aux digital nomads de se retrouver un peu partout à travers le Monde. Et puis il y a l’initiative des Startup Houses, encore une autre forme de partager nos services urbains.
Une Startup House, c’est quoi ?
« Il s’agit d’un lieu, permanent ou temporaire, thématique ou non, où se retrouvent plusieurs startupers ou digital nomads afin de vivre et travailler ensembles (co-living), en facilitant les échanges et en améliorant la productivité de chacun. »
Thomas Despin, Digital Nomad.
L’enjeu est alors d’associer un espace de vie partagé, un espace de travail, et une vie commune de multiples talents pour créer des synergies. Il existe aujourd’hui de plus en plus de startup houses à travers le monde, qu’il s’agisse de Year-round Retreats (aka long terme) ou de Pop-up Retreats (aka court terme) comme sur le site Startup Retreats.
Un mode de collaboratif et urbain en somme. (Voir notre article : Comment l’économie collaborative va-t-elle transformer la ville ?)
Créer sa propre startup house, c’est pour bientôt !
Le processus est en pleine expérimentation par de nombreux jeunes entrepreneurs de part le monde, et une plateforme développée par le français Thomas Despin est en train de voir le jour : Startup House World. Le principe est de réunir autour d’un projet de Startup House : les meilleurs profils, de pré-réunir les fonds, de louer le logement, de gérer l’aménagement rapide et de bosser / vivre / partager pendant une durée déterminée.
Et si, demain, les professionnels de l’urbanisme et de l’architecture pouvaient, eux aussi, s’affranchir des contraintes géographiques et idéologiques pour devenir des Digital Nomads comme les autres ?