Maître d’usage : 10 questions à poser à votre urbaniste !
En complément de la maîtrise d’oeuvre et d’ouvrage, la maîtrise d’usage apporte un éclairage sur les besoins et les pratiques des habitants dans leur quartier, donnant ainsi une nouvelle dimension aux études pré-opérationnelles préalables à la réalisation d’un nouveau quartier, en ex nihilo ou en renouvellement.
Le concept de « maîtrise d’usages » est apparus dans le BTP en 1985 avec la loi MOP (loi relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée). Cependant, pendant de nombreuses années ses concepts ont été placé au rang de simples formalités par des maîtrises d’ouvrages convaincues que les futurs utilisateurs et leurs usages sont définies par une maîtrise d’ouvrage « sachante » et toute puissante. De nombreux maîtres d’œuvres, souvent déjà aux commandes lors de l’élaboration de la loi MOP, perpétuent eux aussi l’idée qu’ils sont les seules sentinelles d’un monde en devenir, capables d’alerter et de concevoir notre futur commun.
A l’ère du développement numérique et de l’insertion citoyenne à toutes les étapes clés des projets, l’idée même d’une seule entité porteuse du besoin, définissant les objectifs et les moyens pour l’atteindre, semble de plus en plus mis à mal. En effet, les démarches collaboratives et les structures agiles laissent la part belle à l’insertion des citoyens dans tous les stades de développement des projets, ce qui les rendent les plus adaptées au développement de la maîtrise d’usages.
Et si vous pensez ne jamais avoir entendu parler des concepts de la « maîtrise d’usages », ils sont pourtant déjà bien présent à travers de multiples appellations : « design thinking », « open innovation », « hackathons », « living labs », « co-construction », « maquettage, prototypage », « fab lab »…
En urbanisme, les effets attendus sont multiples : appropriation du projet urbain par les habitants du futur quartier et des quartiers limitrophes, maîtrise du coût global grâce à une définition précise des attentes, meilleure gouvernance par une implication plus forte des habitants. Dans ce but, la maîtrise d’usage a été mobilisée dans le mode opératoire « low cost, high value », qui permet de donner une forte valeur d’usage à un espace public avec un faible investissement financier.
Alors si vous aussi vous souhaitez développer la maîtrise d’usage sur vos projets, voici les 10 questions à se poser avant la réalisation d’un nouveau projet urbain :
- La qualification des espaces publics du projet urbain permet-elle d’y diversifier les usages de vie par les habitants ?
- Quelle organisation et quelles actions publiques peuvent-être mises en oeuvre pour impliquer les habitants et accompagner leurs initiatives ?
- Et cette qualification des espaces publics laisse-t-elle une marge de liberté pour la définition à terme des usages, par les futurs habitants ?
- Quelles orientations du projet urbain permettent de conserver et valoriser les patrimoines naturel et architectural existant qui ancreront le nouveau quartier dans son Histoire ?
- Le tracé urbain permet-il une réelle diversité des modes d’habiter et protège-t-il l’intimité dans les espaces privés ? Le tracé en macro-lots comme souvent utilisé en Zone d’Aménagement Concerté est alors à réinterroger.
- Le découpage parcellaire à terme du quartier est-il suffisamment fin pour permettre la constitution de petites copropriétés, permettant une gestion syndicale plus dynamique et pérenne ?
- Le tracé urbain permet-il de renforcer le sentiment de sécurité et de bien être des futurs habitants ?
- En quoi le phasage de réalisation du projet urbain apporte-t-il une réponse qualitative à la vie au quotidien des premiers habitants ? La gestion des friches et des nuisances de chantier est à examiner.
- Quelles actions et communication de proximité permettent de créer une dynamique de vie de quartier dès la première phase de travaux ?
- La conception du projet urbain est-elle évolutive et permet-elle de s’adapter aux changements sociétaux ? Notamment pour les nouveaux quartiers dont la réalisation dépassera 10 années.
5 Commentaires
C est un theme d actualite politique et de developpement.bravo.
Pourriez-vous nous transmettre une version du schéma disposant d’une meilleure définition ?
Une grande partie des informations sont illisibles …
Bonjour Arnaud,
je vous remercie pour votre demande.
L’infographie est mise en accès libre sur le lien web.
Pour information, nous réalisons des formations sur l’AMU globale pour les MOA et prescripteurs et formons également des partenaires experts en France pour qu’ils puissent diffuser les pratiques issues de nos travaux de R&D.
Au plaisir,
Bien à vous,
Veuillez trouver ici la cartographie des acteurs économiques de l’Assistance à maîtrise d’Usage globale en France, réalisée par « PRIMA TERRA » sous la forme d’un projet de recherche « AMU Occitanie » :
https://amu-occitanie.tumblr.com/post/168318853435/amu-ecosysteme-france
« Le concept de « maîtrise d’usages » est apparus dans le BTP en 1985 avec la loi MOP »
La loi MOP sans doute, mais la « Maîtrise d’Usage » …. Pourriez-vous partager vos sources SVP ?