Démultiplier les usages de l’espace public
C’est une récente trouvaille sur le site ArchDaily qui m’amène à proposer cette courte réflexion sur les multiples vocations de nos espaces publics.
Il est indéniable que la construction de ces espaces, joue, aujourd’hui, un rôle majeur dans le développement des villes contemporaines. L’espace public structure la Ville, en recouvrant un grand nombre de réalités et d’échelles. Avec aujourd’hui plus de 50% de la population mondiale urbanisée, les défis en matière de conception et de gestion de ces espaces structurants sont très nombreux et plus que jamais d’actualité.
Tout projet de développement urbain (nouveau ou en renouvellement) est désormais à envisager en lien avec l’espace public attenant, existant ou à créer. Il en va de la réussite globale de l’opération. Mais il est également impératif d’envisager les futurs usages qui pourront être fait de ces espaces publics. Voir à ce sujet un de nos récents billets sur le concept de « maîtrise d’usages ».
Sous l’effet de mouvements de fond puissants – évolutions démographiques, changement climatique, raréfaction des ressources, transformation des modes de vie – la pratique des espaces publics et leur appréhension est également amenée à évoluer. L’espace public, pour être réussi, semble devoir être de plus en plus multifonctionnel, et permettre des usages diversifiés (loisir, marche, jeux, restauration, relaxation, activités culturelles et commerciales…). Souplesse, flexibilité, adaptabilité sont désormais les maîtres mots.
L’une des priorités pour réussir semble être d’offrir une forte valeur d’usage à l’espace public, pour garantir son appropriation par tous les habitants. L’exemple présenté ci-dessous est assez intéressant, et montre qu’un pont ou qu’une passerelle dont la fonction primaire est le déplacement pour relier un point A à un point B en franchissant un obstacle : un cours d’eau, une autoroute, une voie ferrée etc. peut se voir greffer d’autres usages annexes.
La passerelle inaugurée en 2016 est très vite devenue l’un des points d’attraction préférés du quartier. Elle permet d’achever la promenade côtière en reliant les deux bords du ruisseau Bostanlı, dans le cadre d’un projet plus global de régénération du littoral baptisé « İzmirSea ».
Outre sa fonction de desserte, cette nouvelle infrastructure a également été imaginée comme un véritable espace public, permettant aux promeneurs de s’y arrêter, en se reposant sur du mobilier directement intégré à la structure du pont offrant ainsi une superbe vue sur la baie : un espace public inédit, à la fois lien et lieu, permettant déplacement et regroupement.
Dans le même esprit, mais à une toute autre échelle, nous avions évoqué en 2013, le projet du Pont Jean Jacques Bosc à Bordeaux, imaginé par OMA et Clément BLANCHET, offrant une « plaque capable » pour relier les deux rives de la Garonne et permettant d’imaginer une diversité et une multiplicité d’usages.
A l’heure ou les villes cherchent à s’adapter et à se réinventer dans des conditions environnementales résilientes, la question des espaces publics et de leurs usages soulève une réalité complexe dont les contours évoluent rapidement. Et vous qu’en pensez-vous ?
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