L’agence du Pritzker Prize Shigeru Ban, qui n’en finit plus de vouloir faire évoluer l’architecture par ses matériaux, vient de révéler les images d’un immeuble à la structure hybride (béton, acier, bois) de plus de 19 étages à Vancouver. Une fois la réalisation achevée, cette tour résidentielle sera l’immeuble à la structure hybride le plus haut du monde, culminant à près de 71m. Un signe d’une révolution en marche dans l’approche de la construction de grande hauteur ?
L’immeuble « The Terrace House », à vocation à émerger du front de mer de Vancouver dans un quartier en plein développement, juste à côté du célèbre immeuble « Evergreen Building » conçu par l’architecte Arthur Erickson. Construit en 1978, cet immeuble atypique est rythmé par des étages de béton en forme de « zigzag » surmontés de plantes. Le projet de l’agence Shigeru Ban Architects, accolé à l’Evergreen, à vocation à venir le compléter par la création d’une tour en résonance : les terrasses suivront le même rythme, elles aussi surmontées de plantes, avant qu’enfin, la structure ne s’élance librement. Cet aspect de complémentarité entre ancien et nouveau a particulièrement inspiré l’architecte et séduit le promoteur.
« L’objectif de cette approche innovante dans la manière de construire une tour, est de proposer un geste fort qui démontre que le savoir-faire dans la conception et l’ingénierie en construction complexe et durable est en plein développement à Vancouver. » précise le promoteur PortLiving.
Cette construction intervient dans un contexte général de la construction en pleine mutation. En effet, l’évolution des techniques de construction et de l’ingénierie en structure bois permettent désormais la construction d’immeubles de grande hauteur aux structures hybrides, qui ne cessent d’émerger partout dans le monde.
C’est le cas de l’immeuble de 18 étages – 53m « Brock Commons » construit sur le campus de la prestigieuse University of British Columbia de Vancouver en 2015, lui aussi réalisé sur la base d’une structure hybride béton-acier-bois. D’une surface de plus de 14000 m², il intègre un programme de résidence étudiante avec 305 logements et de nombreux espaces communs.
Les fondations et le premier étage du socle sont en béton pour assurer une assise stable du bâtiment. Ensuite, l’ensemble de la structure est réalisé en bois, avec poutres massives et planchers en panneaux remplis. Des poutres en aciers assure le maintien de l’ensemble et supportent la toiture. De nombreux éléments ont été préfabriqués, permettant ainsi une réduction du temps d’exécution. Selon les porteurs du projet, se sont l’équivalent de 511 véhicules retirés de la circulation pendant un an grâce au CO² stocké dans la structure. Le gain écologique peut aussi se mesurer par les économies indirectes telles que : la réduction du temps de chantier, les économies de sables et d’eau, et très peu de déchets de chantier.
En France, le dernier projet innovant dans le domaine est le projet « Hypérion » à Bordeaux, conçu par l’agence d’architecture Jean-Paul Viguier et Associés et techniquement développé par Woodeum Ingénierie.
Dans le cadre d’un appel à projets, l’établissement public d’aménagement du quartier Euratlantique s’est vu proposer ce projet qui prévoit la construction d’un immeuble en bois de grande hauteur (17 étages) pour 17 000 m² abritant 82 logements, bureaux, commerces, espaces partagés ainsi qu’un bar panoramique.
Le bois n’a pas fini de révéler tous son potentiel, et il est un matériau prometteur pour promouvoir une construction plus durable.