10 idées clés pour concevoir des espaces publics plus attrayants
Malgré la diversité de forme des espaces publics qui structurent nos villes contemporaines, il semble possible de dégager un certain nombre de facteurs qui garantissent une appropriation de ces derniers par les usagers et donc indirectement leur qualité.
Une expérience à vivre
Il existe plusieurs manières de concevoir un nouvel espace public. Toutefois une des règles les plus basiques semble être le fait d’y proposer quelque chose à faire. Les basiques sont le repos, le jeu, la marche, le vélo, le jogging, le fait de se restaurer ou même de travailler etc. En plus de ces formes d’utilisation désorganisées et plutôt individuelles, les gens se rendent également quelque part car on peut y satisfaire une offre collective. Ces formes d’utilisation collectives de l’espaces se matérialisent en terrains de sports, ou aires de jeux, ou encore en des espaces offrant la possibilité à des activités temporaires telles que les marchés, les foires, festivals et autres concerts ou autres événements sportifs de se dérouler.
Bien évidemment tous les espaces ne peuvent être dimensionnés pour accueillir l’intégralité de ces types d’activités, toutefois pour être vécu, un espace public doit vivre et pour vivre il doit être attractif et donc proposer quelque chose…
Une bonne symbiose avec l’architecture environnante
Un espace public vivant et dynamique prendra en compte les constructions environnantes. L’interaction entre l’espace extérieur, ses utilisateurs et le bâti, est effectivement primordiale. La conception des bâtiments peut jouer un rôle important dans la détermination de l’attractivité de l’espace public. Cette attractivité augmente lorsque la dimension humaine est bien prise en compte: en d’autres termes, la hauteur du bâti, les couleurs, les formes, les détails et la fonction de chaque bâtiment favorisent la stimulation de nos sens lorsque l’on déambule dans l’espace public. Limiter la longueur des façades monotones pourrait être une piste pour favoriser un espace public de qualité.
L’expérience n’est effectivement pas du tout la même lorsque vous vous promenez sur un trottoir le long d’une façade aveugle et passive sans aucune ouverture. La hauteur du bâtiment n’est pas forcément un problème, il faut toutefois se concentrer sur la façon dont est conçu le rez-de-chaussé. Il semble particulièrement important qu’il y ait une transition en douceur entre l’espace privé du bâti et l’espace public de la rue. Une réflexion sur la fonction de ces espaces d’interface entre le privé et le public semble donc être primordiale pour la réussite d’un espace public. On peut répondre à ce critère en implantant des terrasses de restaurants, de cafés, ou plus simplement des bancs et des espaces végétalisés apaisés.
Un espace accessible
Très logiquement, un espace public qui n’est pas facile à atteindre est d’ores et déjà désavantagé. Par conséquent, il est important de s’assurer que les piétons, les cyclistes, voir éventuellement les automobilistes pour se garer à proximité, peuvent facilement y accéder.
Ces règles d’accessibilités sont différentes en fonction du type d’espace. Outre l’accessibilité des différents modes de transport, il est également primordial que l’espace public soit facilement localisable.
Un espace confortable
La perception du confort est subjective. Toutefois, plusieurs facteurs peuvent affecter cette perception. L’idée est de se sentir le bienvenu dans l’espace public. Ce sentiment est influencé par les choses que nous voyons autour de nous, par la diversité des couleurs, par la propreté ou encore la sûreté d’un espace et le mobilier qui peut être offert pour répondre à certains besoins.
Plusieurs questions peuvent être posées à ce sujet :
- Êtes-vous protégé en tant que piéton ou cycliste contre des situations dangereuses (trafic) ou est-ce l’accent est plutôt mis sur la voiture?
- La rue a-t-elle une surface agréable et uniforme?
- La rue est-elle sans obstacles?
- Le trottoir est-il assez large?
- L’espace n’est-il pas trop grand?
- Y a-t-il des endroits pour se protéger du vent, de la pluie ou de la chaleur?
- Y a-t-il des endroits pour profiter du soleil?
- Quid du bruit ?
- Y a-t-il des toilettes?
- ou d’autres services comme du WIFI gratuit?
- etc.
Toutes ces choses peuvent effectivement rendre un espace public plus confortable…
Une mixité des fonctions
Les espaces monotones et monofonctionnels sont généralement beaucoup moins attrayants que les endroits où vous pouvez faire beaucoup de choses différentes. Un parc d’entreprise est déserté après les heures de travail. A contrario, une rue d’un quartier résidentiel, est peu fréquentée durant les heures de bureau. La mixité des fonctions offerte par un espace public a un impact positif sur la diversité des utilisateurs et les plages horaires sur lesquelles ce dernier est utilisé.
Il semble également important de ne pas privilégier qu’un seul groupe particulier d’utilisateurs et de favoriser une diversité par la multiplicité des fonctions offertes dans l’espace public. (Sportif, lecteurs, promeneurs, adultes, jeunes enfants etc.) L’idée est bien de capter un public le plus large possible. Le fait de combiner ces multiples fonctions accroît la possibilité de créer des points de rencontre ce qui semble être également très positif.
Un espace en couleur
L’apparence est également importante. l’overdose de bitume est très logiquement peu attrayante. L’ajout de pièces d’eau, ou de verdure (arbres, plantes, fleurs, gazon) donne à un espace une atmosphère complètement différente.
Il semble également important de travailler sur la lumière et l’éclairage de l’espace. La conception lumière est un domaine en pleine expansion.
Suffisamment de place pour les piétons
Plutôt logique, mais un espace public ne peut se développer que si le piéton est le point de départ de sa conception et de sa programmation. Sans être radical vis à vis des voitures, la diminution du trafic est un gage d’une meilleure qualité de vie et d’une appropriation accrue des espaces publics.
Des exemples d’espaces apaisés, partagés entre les automobilistes, les cyclistes et les piétons qui sont conçus afin de ne pas être immédiatement interprétés comme des espaces de circulation sont nombreux.
La sécurité des piétons peut également être améliorée en fermant certaines rue au trafic hors livraisons et habitants. (Voir les Superblocks à Barcelone), en rétrécissant les chaussées et en agrandissant les trottoirs, en abaissant la vitesse maximale, en plaçant plus de végétation etc.
Propre, entretenu et sécurisé
Cela va de soi, mais des revêtement de sol abîmés, des espaces verts négligés, des façades mal entretenues, des lumières hors services ou encore du mobilier urbain défectueux sont peu attrayants et n’incitent pas les gens à se rendre dans l’espace public.
L’entretien d’un espace public est primordial, il semble donc impératif de prendre en compte cette dimension de gestion dans le temps dès la conception…
Un espace ludique
En plus des activités et des événements sportifs, les espaces publics sont souvent plus attractifs lorsqu’ils possèdent une fonction ludique.
Cette notion va bien au-delà des installations de jeu standard que l’on retrouve dans les aires de jeux pour enfants. Ces éléments ludiques voir pédagogiques peuvent en effet être également réalisés pour les adultes.
Du mobilier pour s’asseoir
C’est finalement un peu la base, imaginez un espace vide, plantez-y un arbre et installez un banc juste en dessous : votre espace public est né ! Les bancs en nombre ne feront pas forcément de votre espace un espace qualité, il s’agit plutôt de bien les disposer et d’offrir des situations alternatives.
Certaines personnes rechercheront le soleil, d’autres l’ombre, parfois, un endroit calme pour travailler ou bouquiner tandis que d’autres personnes préféreront disposer d’une belle vue dégagée. Du mobilier mobile offrant une plus grande flexibilité pourrait être une bonne solution pour répondre à ce facteur.
Et vous quel est votre espace public idéal ? N’hésitez pas à réagir dans les commentaires.
« This article has first been published in English and Dutch on the blog Urban Springtime by Gerben Helleman and has been translated & adapted for UrbaNews.fr by Edouard Malsch. »
12 Commentaires
Bonjour !
il aurait été HYPER SYMPATOCHE de légender les images de référence si l’on veut creuser certains aménagements… 🙂
merci !
En passant le curseur sur les images vous avez toutes les légendes qui apparaissent. Globalement les références sont issues du très bon site Landezine 😉 !!
ah mais au temps pour moi
je trouvais ça bizarre aussi
J’aime beaucoup ce genre de cahier des charges: clair, précis et illustré!
Et bravo pour l’ensemble du contenu du site!
Merci 🙂 ! N’hésitez pas à contribuer si vous vous sentez inspiré 😉 UrbaNews.fr est un outil collaboratif 😉
La France est très douée dans le domaine de l’aménagement urbain. 🙂
Je suis d’accord avec Mathilde, j’aurais aimé avoir les légendes directement écrites sur les images (je n’aurais jamais pensé à survoler les images et ça fait 10 efforts supplémentaires pendant la lecture 🙂
Sur les critères, je suis globalement d’accord.
Celui de pouvoir s’asseoir, pour moi, vient parmi les premiers critères. Des bancs en nombre ou des rebords propres sont importants pour me sentir « chez moi », accueillie, avec un peu de verdure.
Par ailleurs, je dois dire que je trouve les rues piétonnes commerçantes présentes dans toutes les villes de France rébarbatives. Aucun banc, aucun lieu où s’asseoir, aucune mixité de fonction, un idéal de consommation déprimant (consommation de mode à tire-lariguot), et le soir, des rues désertes mal famées où je n’éprouve aucun plaisir à me promener. Je préfère de la mixité avec la voiture (au moins ça fait du passage, on n’est pas dans une rue déserte, la zone peut être limitée à 30) et de la mixité commerce de bouche/autres magasin/et bars/restaurants.
Merci pour cet article
De rien!
L’espace public dépend grandement de la localisation du lieu, plus que de son design.
(espace public près d’ensembles résidentiels en périphérie, surdimensionné et très peu utilisés par les piétons (qui sont dans leurs voitures) et du coup anxiogènes à la nuit tombante, ou places publiques à taille humaine car limités par la densité du centre-ville, et donc plébiscités par les piétons ?) Le design architectural de l’espace, et les aménités sont un plus, mais le lieu, et les activités attenantes, vont définir le potentiel d’usage.
En périphérie, les espaces publics tendent à être surdimensionnés par rapport à leur potentiel de fréquentation, ce qui défavorise le contact, le lien social, paradoxalement alors que c’était l’objectif recherché par les urbanistes.
Leur utilisateurs sont souvent des jeunes enfants, de rares passants occasionnels (sortir le chien) et les personnes âgées pour qui les distances-temps sont démultipliées avec l’âge (quand on marche à 2km/h, traverser un simple route, mais du temps. Alors des places minérales surdimensionnées, des banlieues aux commerces éparses, … c’est difficile.)
On voit encore trop grand, tout infusés que nous sommes par cette époque de l’automobile et du rejet de la promiscuité urbaine. Pourtant, en tant que piéton, dans la rue, small is beautiful, et agréable.
(A regarder: « how to make a city attractive », de The School of Life, sur Youtube)
Elément important a priori aussi, un point de repère, centralité ou pas, mais ..quelque chose…
D’autant plus que l’espace est grand ou de forme particulière (front de mer, diversité de types d’espaces (parc pelouses terrasses murs escaliers, formes qui coupent la vue et ne donnent pas une vue pleine de la place, …) c’est toujours bien d’avoir quelque chose de repérable d’identifiable facilement. (en tant que géographe, j’ai remarqué avec étonnement à quel point une grande partie des gens étaient loin d’avoir la même perception intuitive de l’espace!). Les traditions ont une certaines raison d’être: statues fontaines etc. On peut innover à ce niveau (imaginons quelque chose d’autre why not..) mais quelque chose,et si ca crée du sens, tant mieux.