Copenhague : le bon exemple
Culture du vélo, transports verts, énergie éolienne, chauffage urbain innovant, poubelles connectées… En Europe, Copenhague est à la pointe des projets de « ville verte intelligente » . Tour d’horizon des initiatives et des résultats obtenus.
Ville verte, Copenhague l’est d’abord, à l’évidence, par la quantité et la qualité de ses parcs, de ses eaux ouvertes à la baignade et même de ses réserves naturelles. La quasi-totalité des habitants de la capitale danoise vit à moins de quinze minutes à pied d’un grand espace vert ou bleu. Sans parler des nombreux écoquartiers et autres jardins urbains qui fleurissent dans la ville. Mais au-delà de la place de la nature, Copenhague fait plus largement figure de ville modèle en matière de développement durable.
Élue « capitale verte de l’Europe » en 2014 et collectionnant depuis dix ans les prix environnementaux, la cité de la Petite sirène ambitionne même de devenir la première ville du monde neutre en carbone d’ici à 2025.
Culture du vélo et transports verts
Pour réduire ses émissions de CO2, Copenhague mise d’abord sur le vélo. Avec plusieurs centaines de kilomètres de pistes cyclables, des milliers de « city-bikes » en libre-service mis à disposition par la société danoise GoBike Danmark, et plus de la moitié de ses habitants utilisant ce mode de transport au quotidien, Copenhague est indiscutablement la capitale mondiale du vélo. Depuis juin 2014, une nouvelle voie baptisée le « serpent cyclable » passe même au-dessus de l’eau pour relier le port au quartier très branché de Vesterbro. Un itinéraire emprunté chaque jour par près de 12 000 cyclistes.
La ville a créé de véritables « autoroutes pour vélos », privilégiant clairement les cyclistes par rapport aux automobilistes. Le matin, en direction du centre-ville – en sens inverse le soir – les feux de circulation sont synchronisés en fonction de la vitesse des deux-roues (20 km/h). Selon une étude récente, grâce à cette pratique, qui contribue à la fois à réduire la pollution et à cultiver la forme des habitants, Copenhague économiserait chaque année quelque 230 millions d’euros en frais de santé.
Aujourd’hui, pour améliorer encore la fluidité de la circulation, la capitale danoise cherche à intégrer aux équipements de signalisation des capteurs capables de transmettre des informations sur la position et la vitesse des cyclistes et des bus, l’optimisation des connexions avec les transports publics étant aussi un enjeu important.
Parallèlement, Copenhague ouvre de nouvelles stations et de nouvelles lignes de métro, et développe les voies réservées aux bus afin d’améliorer la qualité et la rapidité de ses transports en commun. L’objectif affiché à l’horizon 2025 est que les trois quarts des déplacements des usagers de la ville se fassent à pied, à vélo ou en transports en commun. Côté parc automobile l’objectif est aussi au vert et d’ici à 2025, il devrait être entièrement équipé d’automobiles fonctionnant aux énergies propres (électricité, hydrogène ou biocarburants).
Éoliennes, biomasse et poubelles connectées
A l’image de son pays, qui assure aujourd’hui plus de 40 % de ses besoins en énergie grâce à la force du vent, Copenhague fait également figure de capitale des éoliennes. A deux kilomètres à l’est du port, s’élève notamment depuis fin 2000 le célèbre parc éolien offshore de Middelgrunden, exploité par Middelgrunden Wind Turbine Cooperative et produisant environ 3 % de la consommation d’électricité de la ville. Aujourd’hui, l’installation de nouvelles turbines terrestres et de mats dans le port se poursuit.
Le réseau municipal de chauffage urbain est aussi un pilier de la politique climat de la ville. La capitale danoise s’efforce de remplacer le charbon, le fuel et le gaz naturel par la biomasse – des billes de bois provenant de forêts gérées de façon durable – et d’intégrer de grandes pompes à chaleur fonctionnant à l’énergie éolienne et géothermique. Pour réduire la consommation d’énergie dans les bâtiments, la ville multiplie les travaux de rénovation énergétique, crée de nouveaux écoquartiers et mise sur la télésurveillance. Autant d’initiatives qui devraient contribuer à rendre le réseau de chauffage urbain de la ville neutre en carbone d’ici 2025.
Mais pour devenir encore plus verte, Copenhague sait qu’elle devra aussi devenir plus intelligente. C’est pourquoi elle innove en matière de capteurs intégrés au mobilier urbain. Elle teste notamment dans le centre-ville des « poubelles connectées », envoyant de l’information sur leur remplissage, afin d’optimiser la collecte des déchets. Des systèmes permettant d’alerter les automobilistes sur les places de parking disponibles sont également expérimentés. Il est aussi envisagé d’intégrer aux automobiles circulant dans la ville des capteurs mesurant la qualité de l’air et l’état de la circulation, les informations recueillies étant ensuite diffusées sur le tableau de bord des automobilistes. Outil essentiel à l’émergence de la ville intelligente, une plate-forme d’échange des mégadonnées est par ailleurs en cours de création…
Un éclairage urbain optimisé
Pour réaliser des économies d’énergie et réduire ses émissions de CO2, Copenhague s’appuie également sur son réseau de lampadaires. Le chemin de la neutralité carbone passe donc aussi par la rénovation de l’éclairage urbain. La ville a ainsi décidé d’équiper ses lampadaires de lampes à LED et de les coupler à un système permettant de régler la puissance de l’éclairage en fonction de l’heure ou de l’approche d’un véhicule. C’est la société française Citelum qui a été choisie par la ville pour répondre aux enjeux de cette transformation.
L’entreprise a signé avec la ville danoise un contrat de douze ans pour rénover et optimiser les performances environnementales et fonctionnelles de la lumière urbaine de la ville. 20 000 points lumineux ont notamment été remplacés par des ampoules LED, ce qui a déjà permis à la ville de réaliser plus de 50% d’économies d’énergie et de diminuer de 20% les émissions de CO2 sur le parc rénové. L’entreprise fournit également à la capitale danoise sa plateforme de télégestion et de maintenance informatisée des points lumineux, qui permet d’optimiser la sécurité, la continuité et la qualité de l’éclairage urbain. Des solutions qui permettront aussi à la ville d’intégrer facilement tous les services connectés d’une « smart city ».
Copenhague demeure un beau modèle dont toutes les grandes capitales européennes pourraient s’inspirer. Parviendra-t-elle à devenir neutre en carbone d’ici 2025 ? A travers une planification urbaine favorisant la proximité entre les logements et les équipement ainsi qu’une vision de long terme favorisant l’intégration des pratiques de la ville durable, c’est un pari qui semble loin d’être mission impossible !
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