Prise de décisions, élaboration de projets d’urbanisme, réflexion sur les politiques publiques à mener… les rouennais s’impliquent de plus en plus dans la vie de leur Ville à travers un dispositif de participation citoyenne éprouvé depuis plusieurs années.
Dernier jalon en date, le lancement d’un appel à projet visant à donner un coup de jeune à la démocratie participative rouennaise. La municipalité invite les habitants à partager leurs idées de projets contribuant à l’amélioration du cadre de vie. Les services de la ville et de la Métropole étudieront ensuite la faisabilité des projets. Les 30 projets retenus seront soumis au vote des habitants à l’automne. La douzaine de projets sélectionnée verra le jour entre 2019 et 2021. 1 million d’euros est alloué à cet appel à projet.
Le site collaboratif d’information sur Rouen et alentour « A l’ouest » propose une réponse inédite, véritable ode au ludisme urbain. Une bonne tranche de rigolade à déguster sans modération ! On vous laisse juger
Monsieur Yvon Robert,
Nous sommes un collectif citoyen soucieux de notre ville. Les informations ne circulant pas toujours aussi vite qu’on le voudrait, nous avons malheureusement laissé passer la date de votre « appel à projets citoyens ». Nous espérons que, même si les discussions ont dû commencer, certaines idées que nous proposons pourront arriver à vos oreilles et enrichir la réflexion pour le bien-être et le vivre-ensemble dans notre chère ville. Nous nous permettons de lister certains projets qui nous tiennent à cœur :
Les transports doux
Le tout-automobile a montré ses limites et nuit gravement au devenir de notre belle planète, nous proposons certaines alternatives qui ne sont pas toujours prises en compte, peut-être simplement parce qu’elles n’ont pas été formulées :
La gratuité des transports en commun
Des transports en commun gratuits pourraient limiter la pollution parce que plus de personnes qui prennent les transports sont aussi moins de personnes qui prennent la voiture. Nous déplorons la hausse des tarifs dans le réseau astuces qui donnent un bien mauvais signal dans le sens d’une ville avec un trafic automobile limité. La hausse des tarifs pourrait provoquer, comme ce fut le cas au Brésil, la grogne des utilisateurs et des pratiques peu urbaines et polluantes comme des bris ou incinérations de matériels déplorables pour l’image et l’atmosphère de notre ville.
La généralisation des toboggans
L’idée est à développer mais nous avons apprécié la disposition d’un toboggan pour suppléer un escalier sur les quais bas de la rive gauche de Rouen, pourquoi ne pas généraliser cette idée ? Il serait peut-être possible d’expérimenter la mise en place de toboggans depuis certaines façades d’immeuble, hors coût de construction un toboggan ne dépense aucune énergie. Pour les zones plus pentues (route de neufchâtel par exemple), d’énormes toboggans pourraient être mis en place avec des bâches en plastique résistantes et de l’eau savonneuse sans oublier un système de freins pour éviter les accidents.
La mise en place d’un réseau de tyroliennes
L’idée peut paraître saugrenue mais la tyrolienne est un transport doux vraiment trop peu exploité dans les grandes métropoles, la ville de Rouen pourrait être à l’initiative du premier grand réseau de tyroliennes de France. Un certain nombre de points à une hauteur satisfaisante existe : la cathédrale, le Gros Horloge, la côte Sainte-Catherine, la tour des archives. Nous pensons par exemple à un réseau de tyroliennes qui pourraient raccorder la côte Sainte-Catherine à l’Ile Lacroix, la tour des archives aux quais rive-droite. Certains ponts seraient également exploitables : une tyrolienne pourrait relier le pont Gustave Flaubert au boulevard des Belges. Des ULM publics pourraient également être mis en place.
L’instauration de canaux
Le projet consisterait à faire de Rouen une Venise Normande en lieu et place de Dieppe, ville sympathique mais appelée à être rayée par la montée des eaux. Nous proposons d’instaurer un canal qui irait du théâtre des arts à la place du vieux-marché en empruntant la rue du gros Horloge qui est actuellement bien mal exploitée (tourisme, commerce). Un projet qui mériterait plus ample réflexion consisterait également à remplacer les grands boulevards (boulevard des Belges, de l’Yser) par des canaux pour transformer notre ville en presque-île. Des passerelles, des toboggans, des gondoles ou des tyroliennes pourraient servir pour passer d’un espace à un autre.
Ou encore : des vélotaxis communaux, un réseau de hors-bords communaux dans les égouts, des échasses en libre-service, mille idées existent…
Le logement
Des hôtels publics de voyageurs
L’hôtel de ville étant amené à disparaître avec l’émergence de conseils citoyens, il ne pourra rester vacant, c’est le cas également de l’hôtel de région ou des bâtiments de la métropole. Dans une perspective de patrimoine, nous nous devons de réhabiliter ces vieux bâtiments et leur trouver une nouvelle utilité. Ce sont des immeubles conséquents pouvant loger un certain nombre de personnes. Une partie pourrait servir à loger gracieusement des citoyens mais il serait également possible de créer un hôtel public des voyageurs. Les personnes sont souvent amenées à se déplacer et notre belle ville attire énormément de monde.
Il semblerait envisageable de créer des hôtels publics de voyageurs, pour éviter de payer des hôtels ou des air b’n’b. Ces lieux pourraient recevoir toute personne migrant d’une ville à une autre ou d’un pays à l’autre. La seule contribution serait celle de nettoyer sa chambre après l’avoir utilisée ou payer en chansons (pratique qui pourrait être étendue à d’autres services jusque-là rétribués monétairement).
L’annexion communale de certains quartiers
Certains quartiers sont anciens, vieillots et demandent à être réaménagés (quartiers Saint-André, certains quartiers de Bois-Guillaume, Bihorel ou Mont-Saint Aignan, vieilles bâtisses aux environs du Jardin des Plantes). Dans le respect des propriétaires, à qui nous pourrions reverser un euro symbolique et offrir des solutions de relogement, il serait envisageable d’utiliser ces logements pour les personnes nécessiteuses, les familles démunies, les gens dans le besoin ou toute personne n’ayant pas toujours pu profiter jusque-là d’un logement idoine.
Pour leur bien-être, nous pourrons transformer une partie de ces quartiers en parc ou en forêt. Cela atténuerait l’atmosphère oppressante d’une architecture jusque-là mal pensée. Des habitations arboricoles pourraient être créées, pourquoi pas fonder un éco-quartier des bois (« Les cervidés » pourraient être une appellation intéressante, à débattre) ?
Des logements flottants
Pour limiter la densité au sol, des logements flottants semblent être une bonne idée : châteaux dans le ciel sur pattes et mobiles, développement de péniches habitables, réfléchir à la mise en place de plateformes suspendues…
La réhabilitation des égouts
Cette proposition demanderait un certain nombre d’aménagements : la généralisation des toilettes sèches et des douches solaires fonctionnant à l’eau de pluie, l’abandon du système d’eau potable individuelle pour privilégier la mise en place de points d’eau collectifs. Victor Hugo dans Les Misérables, Ve partie, Livre II « L’intestin de Léviathan » déplore la mauvaise utilisation des égouts à Paris, au XIXe siècle : « Paris jette par an vingt-cinq millions à l’eau. Et ceci sans métaphore. Comment, et de quelle façon ? Jour et nuit. Dans quel but ? Sans aucun but. Avec quelle pensée ? Sans y penser. Pourquoi faire ? Pour rien. Au moyen de quel organe ? Au moyen de son intestin. Quel est son intestin ? C’est son égout. Vingt-cinq millions, c’est le plus modéré des chiffres approximatifs que donnent les évaluations de la science spéciale. » C’était à Paris au XIXe mais force est de constater que les choses ont actuellement peu évoluées. « Le froment chinois rend jusqu’à cent vingt fois la semence. Il n’est aucun guano comparable en fertilité au détritus d’une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or. Que fait-on de cet or fumier ? On le balaye à l’abîme. » dit le grand écrivain. A méditer…
L’utilisation des défections humaines pourrait servir pour l’écologie, le réseau souterrain des égouts pourrait alors servir à loger une partie des gens qui préfèrent l’ombre à la lumière.
Une nouvelle tour de Babel
Le projet était beau et symbolique, certaines autorités malvenues ont voulu aller contre dans un passé lointain, l’idée serait de créer une nouvelle Tour de Babel. Cette tour pourra avoir plusieurs fonctions : agricoles, accueil de conseils de quartier, assumer un certain panache communal. Cette proposition est évidemment à discuter, pour limiter l’aspect vertical et privilégier une construction participative il serait aussi possible de créer une tour horizontale. Dans le cas d’une tour verticale : télésièges, tyroliennes, boules propulsées par des élastiques comme la foire Saint-Romain avec un système d’aimant seraient des solutions intéressantes pour que tout le monde puisse accéder le plus facilement possible au sommet.
Le patrimoine
La cathédrale et les églises
Dans une perspective laïque il faut à tout prix trouver une autre utilisation aux grands édifices religieux. D’ailleurs n’est-ce pas des ouvriers, des citoyens rouennais qui les ont construites ? Reprenons-les.
Premièrement, les cathédrales et les églises étaient historiquement peintes. Nous proposons de peindre la cathédrale de Rouen en colories arc-en-ciel. En second lieu, de nombreuses question se posent : l’aspect phallique de la flèche doit-il être conservé ? Les églises et les cathédrales doivent-elles être détruites ? Nous sommes plutôt du côté de la réhabilitation. Un enfant dans la rue proposait un projet de transformation de la cathédrale en ménagerie, où les animaux pourraient circuler en liberté, la vérité sort toujours de la bouche des enfants et l’idée est séduisante. Qu’en pensez-vous ?
Destruction de la statue de Napoléon
La cathédrale et certaines églises peuvent être transformées en musée, en ménagerie, en salle de jeux ou de concert mais nous ne voyons pas d’autres solutions que la destruction pour la statue de Napoléon sur la place de l’hôtel de Ville. Cela rappelle de bien trop mauvais souvenirs : restauration de l’esclavage, mis en place d’un code civil restreignant fortement le droit des femmes. C’est une mémoire que nous souhaiterions oublier, mais la discussion est ouverte.
Le palais de Justice
Nous pensons qu’il est possible de fonctionner sans palais de Justice, sans bâtiment représentant l’autorité judiciaire qui se doit d’être assumée par d’autres instances comme les conseils citoyens, des réunions pour régler certains problèmes à l’amiable. Il conviendrait donc de réfléchir à une autre utilisation de ce bâtiment. Nous avons pensé à un double projet : dancing (salle de bal) et patinoire. Les grandes galeries, la salle des pas-perdus et l’atmosphère se prêteraient parfaitement à une ambiance vintage et festive.
La prison Bonne-Nouvelle
Il est possible de fonctionner sans prison. Dès lors, les débats sont ouverts : que faire d’un bâtiment comme Bonne-Nouvelle : le détruire ou en faire une autre utilisation ? Nous pouvons penser à une discothèque, une serre pour faire pousser des plantes et créer une jungle urbaine, de manière à ce que plus tard des explorateurs trouvent cette prison, vestige d’un ancien monde, comme on a retrouvé le temple d’Angkor ou le Machu Picchu.
Un parc-Monde
Si certains bâtiments sont détruits, il serait possible de créer un parc avec des jeux pour enfants rappelant différentes civilisations. Nous pourrions créer un jardin japonais, construire une pagode chinoise, des cases africaines ou une mosquée en terre comme celle de Djenné, des pyramides égyptiennes, des temples mayas, pourquoi pas un sphinx, un colisée, une acropole ?
Festivités
Des murs de son côte sainte-Catherine
Pour les journées de fêtes communales, il serait possible d’instaurer des murs de son géants en haut de la côte sainte-Catherine ou dans d’autres bâtiments comme la Tour des Archives.
Arrêt des horaires fixes pour les bars
Dans un premier temps, il serait intéressant de supprimer la limite d’heure d’ouverture des établissements nocturnes pour des raisons évidentes.
Des bâtiments publics de culture
Certains établissements doivent être réquisitionnés pour l’instauration de salles municipales gratuites, rétribuant généreusement les musiciens.
Plantes récréatives et culture d’houblon, distillerie et brasserie communale
Une partie du terrain municipal pourra être employé pour la culture biologique de plantes récréatives, de houblon, la mise en place de distilleries et de brasseries municipales. Une partie de la production et de la vente (à prix faibles, hors taxe) pourra être utilisée pour l’économie communale.
Matériel urbain musical
Des lampadaires qui chantent, des escaliers-piano, des panneaux-harpe ou mandoline…
Anniversaires fériés
Chaque anniversaire d’un citoyen de la ville pourrait être décrété jour férié. Cela permettrait de profiter allègrement des gens qu’on aime.
Autres propositions :
Une démocratie participative vraiment participative
Nous pensons qu’une démocratie vraiment participative pourrait se passer de maires et de conseil municipal pour laisser place à des conseils de quartier.
Des lampadaires avec système d’interrupteur
Parce qu’on a pas toujours besoin de lumières…
Un projet de jungle urbaine
La ville de Rouen étant particulièrement humide nous pourrions profiter de ça pour transformer une partie de la ville en jungle avec des plantes grimpantes implantées de manière généralisée en ville.
Vous qui nous lisez pouvoir public, que nous respectons, comme vous citoyens, nous sommes ouverts à toute proposition, toute discussion. Rien n’est figé dans notre projet, nous espérons que certaines des idées que nous avons modestement proposées trouveront grâce à vos yeux.
Veuillez accepter, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.
L’ACER (Association Communale pour l’Embellissement de Rouen).