Si le terme de « friche » peut paraître plutôt banal lorsqu’il s’agit d’évoquer le devenir d’anciennes zones industrielles, il demeure bien moins utilisé pour d’autres types d’usages. Pourtant, le délaissement de nombreux immeubles de bureaux, représentant des millions de mètres carrés de bureaux vides est aujourd’hui une réalité.
Un défi colossal s’offre ainsi aux décideurs publics : que faire de ces bâtiments tertiaires qui vieillissent vite et deviennent inadaptés aux nouvelles pratiques et besoins en lien avec ce secteur se modernisant jour après jour ? Comment intervenir sur la reconversion de ces bâtiments, très souvent amiantés, pas forcément bien localisés et dont la structure – en fonction des époques – peut rendre une transformation très complexe ?
Ce travail de reconquête urbaine bien particulier s’illustre à merveille par cette reconversion d’une barre de bureaux en 90 logements à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).
L’agence d’architecture Moatti/Rivière s’est chargée de rendre le bâtiment fonctionnel et exemplaire en matière de développement durable. Le projet architectural a d’ailleurs été récemment primé lors du premier trophée récompensant ces types de transformations, organisé par Paris Ile-de-France capitale économique et la Maison de l’architecture.
Un des principaux casse-tête du projet consiste en la transformation d’un linéaire de façade tertiaire en une façade de logements. Le tout dans un contexte urbain très contraint en bordure de l’A4 donnant sur 6 voies de circulation à double-sens…
Le principe architectural retenu par l’Agence Moatti/rivière consiste en la création d’une nouvelle peau, en retrait de la façade existante.
Les architectes ont ainsi pu créer des loggias dans cette marge de retrait. L’objectif étant d’apporter une profondeur afin d’offrir un caractère plus domestique au bâtiment, en créant de l’intimité dans sa monumentalité.
L’autre difficulté consiste également en la réutilisation de la structure du bâtiment qui offre des points positifs comme négatifs.
Comme le précise le concepteur, on note par exemple de très grandes hauteurs sous plafond, à 2,90 mètres, et des halls à double niveau. A contrario, de par la faible épaisseur du bâtiment, les appartements demeurent mono orientés. Mais du coup, toutes les pièces sont en plein jour, même les salles de bains.
La démarche de reconversion de bureaux en logements trouve ici toute sa concrétisation, portée par une maîtrise d’ouvrage et une puissance publique volontaire. Toutefois on peut se poser la question d’un travail systématique, en amont de la conception de ces bâtiments tertiaires. Sur la flexibilité de ces derniers, afin de les rendre transformable pour d’autres usages dans des conditions favorables.
Note : soulignons le travail du bureau d’étude EGIS BATIMENTS NORD ayant rendu possible techniquement, économiquement et qualitativement cette opération.