Pour de nombreux habitants, confinement ne rime pas forcément avec apaisement. Lorsque les petits tracas et conflits de voisinage du week-end se transforment en problématique quotidienne, la notion de densité désirable prend alors tout son sens.
Tourments quotidiens
C’est lorsque l’on se met à vivre 24h/24, 7 jours sur 7 dans son logement que l’on se rend réellement compte des avantages et inconvénients de ce dernier, comme l’apport suffisant en éclairage naturel, le vis-à-vis ou encore – et c’est sans doute le paramètre le plus difficile à gérer en ce moment – le manque d’un espace extérieur privatif digne de ce nom.
Au cœur des débats en lien avec la recherche d’une certaine sobriété foncière, les questions portant sur la perception de la densité et sa qualité d’usage sont mises à rude épreuve en ces temps de confinement.
La morphologie de l’habitat demeure clairement un élément déterminant pour vivre les choses le plus sereinement possible. Le confinement n’est effectivement pas subi de la même façon, que l’on habite dans une maison individuelle, dans un lotissement, en habitat de « type intermédiaire », ou en immeuble collectif… Et plus encore lorsque la qualité de la réalisation laisse à désirer.
Adoucir la densité
C’est précisément le travail sur la forme de l’habitat qui doit permettre d’adoucir la perception de la densité en offrant la possibilité d’un nouveau rapport de voisinage, en gérant les hauteurs, les vues, l’intimité ou encore l’ensoleillement.
La composition d’ensemble d’un projet, son intégration dans le « Grand Paysage » et l’organisation du parcellaire sont également des éléments constitutifs d’une certaine qualité d’usage. Pourtant, ceux-ci sont encore trop souvent laissés de côté.
Le processus de densification qui se trouve au coeur du modèle urbain que nous aspirons à renouveler (Voir notamment à ce sujet les débats autour du « zéro artificialisation nette » (ou ZAN) inscrit au plan biodiversité par le gouvernement à l’été 2018), doit rester désirable, acceptable et surtout vivable. La qualité d’usage d’un logement situé au coeur d’un lotissement de maisons individuelles, construites sur de petites parcelles de 300 m² est-elle réellement acceptable ? Question identique pour certaines typologies de logements collectifs.
La compacité urbaine est pourtant capable d’offrir une qualité de vie spécifique, articulée autour de nouvelles possibilités d’usage. (Voir à ce sujet le fabuleux travail de l’Agence d’Architecture Atelier po&po) Il faut hélas constater que la production de logements, encore trop souvent structurée autour de l’opposition “classique” entre l’habitat pavillonnaire et les logements collectifs, ne garantit pas ces qualités.
La volonté systématique d’économie conduit souvent à des constructions aux prestations peu qualitatives. Quid de la pauvreté architecturale, urbanistique et paysagère d’une très grande partie des lotissements ? Du découpage foncier d’une monotonie sans égal ? De la banalité des maisons-catalogue ?
Confiné mais bien installé
La crise sanitaire qui bouleverse actuellement notre planète doit nous encourager à travailler sur de nouvelles solutions urbanistiques ou architecturales désirables et durables. On se souviendra que par le passé, les mesures sanitaires déployées pour lutter contre les grandes pandémies ont modelés nos villes et façonné l’urbanisme.
La ville, quelque peu standardisée par son mode de production, est donc appelée à se régénérer, se densifier en conservant des qualités d’usage.
La qualité d’usage d’un logement est étroitement liée à sa conception mais également aux « accessoires » de ce dernier. On peut lui attribuer de multiples propriétés parmi lesquelles :
- des structures bâties aux volumes réduits,
- des qualités constructives,
- l’exposition,
- la prise en compte des énergies renouvelables,
- l’individualisation du logements,
- le prolongement de l’espace intérieur vers l’extérieur via un espace privatif,
- des possibilités d’évolution et de transformation,
- les dimensions de l’espace à vivre,
- la luminosité, la température ou la qualité de l’air,
- la préservation de l’intimité de l’occupant (protection du regard, du bruit),
- et surtout : un travail sur la contextualisation du programme et en simultané sur tous ces paramètres…
Un argument supplémentaire pour repenser le modèle ?
En bref, rien de bien nouveau.
Cette période de confinement inédite, nous donne toutefois un argument supplémentaire pour travailler sur des formes d’habitat alternatives. Et ce, sans recette sans recette miracle ou formule magique prête à l’emploi!
En proposant une autre forme urbaine « post-COVID-19 », plus compacte, plus durable et plus vivable. En articulant une densité maîtrisée avec des espaces de nature, en revisitant le rapport espace public / privé résidentiel, en contribuant par la même occasion à diversifier l’offre de logement des territoires tout en conciliant qualité et rationalité…