La plateforme de location entre particuliers est souvent pointée du doigt pour son impact négatif sur le marché du logement. Hausse des loyers, disparition des résidents au profit des touristes, gentrification etc. En Décembre dernier, un rapport publié par l’aile gauche du parlement Européen faisait toute la lumière sur ces nombreux dysfonctionnements.
Pourtant, avec la crise sanitaire, certaines municipalités ont su saisir l’opportunité que représentait AirBnB.
Quand le tourisme s’effondre
A Lisbonne, lorsque la pandémie de COVID-19 a verrouillé la ville, l’industrie touristique – pourtant cruciale – s’est immédiatement effondrée. Et avec elle, les revenus de plus de 20 000 portugais ayant investi dans des appartements secondaires. La manne fiscale de la municipalité liée à l’hébergement touristique a également disparu.
La crise du logement ne faiblit pas
En parallèle, la crise du logement qui frappe cette grande métropole depuis de nombreuses années n’a pas vraiment faibli. Le développement touristique de la Ville et l’augmentation des prix de l’immobilier ont poussé de nombreux habitants vers les périphéries, loin des fastes du centre-ville historique. Selon les chiffres de l’Institut portugais des statistiques, les prix des logements auraient ainsi augmenté de quasiment 78% entre 2016 et 2020.
Bien que volontaire, la municipalité n’a en effet pas été en mesure de construire suffisamment de logements abordables. Le logement social ne représente, que 2% du parc de logements locatifs au Portugal, contre 14% en France.
Ainsi, malgré le confinement, des milliers de travailleurs se rendaient quotidiennement à Lisbonne, depuis sa périphérie, afin de pourvoir les emplois essentiels : enseignants, soignants, commerçant alimentaires etc.
3 problèmes, une solution
Durant l’été 2020, Fernando Medina – le Maire de la Ville – s’est attelé à transformer ces différents problèmes qu’étaient AirBnB, la crise du logement et la pandémie de COVID-19 en une seule et unique solution. La municipalité a ainsi décidé d’investir dans les appartements usuellement destinés à la location touristique. Et ce, afin de les transformer en logements subventionnés, pour loger les travailleurs de la périphérie.
Safe Rent
Baptisé « Safe Rent », le programme permet de recevoir jusqu’à 3 ans de loyers pour convertir des locations touristiques de courte durée en locations à long terme. Ainsi, pour un appartement de 4 chambres situé dans le centre-ville, les propriétaires peuvent gagner jusqu’à 1 000 euros par mois, leurs revenus locatifs étant également exonérés d’impôts.
Pour la première phase du programme, la municipalité s’est fixé pour objectif d’investir dans la location de 600 logements sur 5 ans. Les occupants sont ensuite choisis via un système de loterie avec un avantage pour les jeunes employés de la classe moyenne. Les loyers collectés par la municipalité ont été plafonnés à un tiers du revenu net des travailleurs.
«Notre objectif est de fournir des logements abordables en soutenant les propriétaires qui ne devraient pas recevoir beaucoup de demandes pour la location touristique dans les prochains mois.» déclarait Fernando MEDINA.
La municipalité n’oublie pas pour autant que le marché de la location à court terme à joué un rôle très important pour permettre à la ville de Lisbonne de devenir l’une des destination touristique les plus prisée du monde. Et notamment grâce à la réhabilitation de nombreux immeubles.
En parallèle du programme « Safe Rent », la capitale portugaise a également pour objectif de rénover et convertir des bâtiments publics vacants en logements abordables et souhaite faire accélérer les démarches administratives permettant d’obtenir un permis de construire.
Affaire à suivre !